tous droits réservés - Françoise Cloarec2. Une maladie à peine inattendue

µ allait maintenant avoir sept ans.  Elle savait lire, écrire, compter et même jouer du violon.  Elle n'en jouait pas encore très bien parce que c'était difficile et qu'elle n’aimait pas beaucoup ça. Tous les matins, elle allait à l'école, à l'école des Princesses.  Dans cette école, il y avait une cantine de Princesses avec de très jolies assiettes de Princesses.  On pouvait manger tout ce qu'on voulait, et quand on n'en voulait pas, ou qu'on n'en voulait plus, on le laissait et on avait beaucoup de dessert.

Un jour que la petite µ était à la cantine, elle se sentit soudain un peu malade.  Elle avait envie de vomir.  Elle alla au cabinet des Princesses, et, toute étonnée, elle cracha des bijoux.  Elle se dit qu'un truc comme ça, c’était un peu nul et un peu déjà vu, mais elle n'y pouvait rien.

Elle appela la dame de service des Princesses pour lui raconter son histoire et celle-ci demanda à voir.  On ne voyait plus rien.  Il aurait fallu démonter tous les cabinets.  La dame de service appela le plombier mais le plombier refusa parce que dans les cabinets des Princesses, les tuyaux étaient en or et qu'il était donc impossible de les démonter.

Mais µ était toujours malade, et cette fois là, elle recracha des bijoux sur le plombier et la femme de service, qui en fut couverte...

Ainsi, la dame de service de l'école des Princesses, la directrice de l'école des Princesses et même le plombier durent bien prendre au sérieux l'étrange maladie de la petite µ. La directrice fit appeler le Roi Nicolas et lui dit de venir bien vite.  On fit atteler le carrosse le plus rapide des écuries, un carrosse magnifique de vingt-cinq chevaux blancs et le fabuleux équipage s’engagea sur la route de la ville.

Le carrosse allait vite, très vite, très très vite et le Roi et la Reine pensaient arriver sans encombre, mais, au moment de traverser le fleuve qui sépare le Château des cinq tours de la ville de l'école des Princesses, ils s'aperçurent avec horreur que le pont était coupé.  Tremblant de peur, le gardien du pont dit au Roi que la nuit précédente, des hommes d'arme du Royaume ténébreux étaient venus, avaient saboté le pont et qu'au matin celui-ci s'était écroulé dans la rivière,

A ce moment là, le Roi Nicolas, et pourtant ce n’était pas son genre, grogna, tapa du pied, se tira les cheveux, se roula dans la poussière.  Depuis plusieurs années, la Reine Annick voulait un hélicoptère mais le Roi le lui avait toujours refusé.

Le Roi et la Reine, assis devant le pont brisé, pleuraient tristement.  Les domestiques, accourus depuis, essayaient de trouver un téléphone avec un fil assez long pour pouvoir l'apporter jusqu'au pont et ce n'était pas une chose facile à réaliser, Il aurait fallu un fil encore bien plus long que le Grand Collier de la Reine, qui était déjà si long qu'elle n'en avait jamais vu le bout.  Pendant ce temps, la petite µ était toujours à l'école des Princesses.  Elle était maintenant toute seule car les autres Princesses étaient parties dans leur carrosse.  Elle attendait, elle attendait, elle allait un peu mieux, mais elle sentait qu'à la moindre occasion, elle pourrait bien recommencer à cracher des bijoux. Elle entendit soudain un grand bruit de chevaux, et elle vit arriver le carrosse de ses parents. Un cocher en descendit, elle ne l'avait jamais vu, mais, pressée et fatiguée, elle se précipita pour monter.  Le carrosse partit.

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