11. De l'importance de la télévision

Au Château des cinq tours, le Roi Nicolas et la Reine Annick, fatigués d'attendre le commissaire, avaient allumé lu télévision. Ils l'avaient allumée pour se distraire, bien sûr, mais aussi pour voir si l'on ne disait rien de l'enlèvement tragique de la petite Princesse.

Mais, très vite, il s’était passé une chose curieuse, un peu folle. comme toujours ou château des cinq tours : le Roi et la Reine s'étaient dit que, pendant qu'ils regardaient la première chaîne, on pouvait annoncer quelque chose sur la deuxième, ou sur la troisième, ou sur la quatrième ou sur la cinquième, sans parler des chaînes des pays voisins que l'on pouvait capter du château. On pouvait même capter la chaîne de télévision du royaume Ténébreux, la seule chaîne en noir et blanc.  Le Roi et la Reine ne pouvaient pas regarder toutes ces chaînes en même temps. Alors, ils avaient allumé tous les postes de télévision du château, et ils étaient très nombreux, et, sans jamais s'arrêter, l'un dans un sens et l’autre dans l’autre sens, ils couraient, essoufflés, pour faire le tour de toutes les télévisions, à travers les couloirs, les cours, les cuisines et les dortoirs, les tours et les boudoirs. La couronne du Roi penchait comme si elle allait tomber.  La Reine avait perdu son chignon-postiche.  C'était vraiment la désolation. comme si il n'y avait pas eu d’autres solutions.

Françoise CLoarec - tous droits réservés - francoise.cloarec@wanadoo.frC'était ainsi que Cendrillon et le commissaire Curieux les avaient trouvés. Ils étaient un peu étonnés, il faut bien le dire, car ce n'était pas l’habitude de cette famille royale là, que de faire de la course a pied.

Quand le Roi Nicolas aperçut le commissaire, il se précipita sur lui et il faudrait ajouter, il se précipita sur lui, rouge, soufflant, et pouvant à peine arrêter sa course effrénée.
« Eh bien ! Fourre-son-nez-partout, ce n'est pas trop tôt
- Le pont.  Votre Majesté...
Le Roi continue comme s'il n'avait rien entendu:
« Nous croyions bien que vous n'arriveriez jamais, Fourre-son-nez-partout.  Qu'est-ce que vous avez bien pu faire ? »

- Le Pont.  Votre majesté... 
- Comment!  Vous avez fait le pont !  Était-ce bien le moment ?
- Seigneur majestueux, le pont était écroulé...
- Qu'à cela ne tienne, Fourre-son-nez-partout, vous n'avez pas d'hélicoptère ? Le commissaire ne repondit pas.
- Alors, comment êtes-vous arrivés jusqu'ici ?

Le commissaire expliqua que grâce à la fée fameuse Cendrillon le pont avait été réparé.

« Vous voyez, commissaire, c'est bien ce que je vous disais et ce que je vous ai toujours dit, un hélicoptère, ça ne vous servirait à rien, vous vous débrouillez toujours »

Cendrillon, un peu agacée par tant de mauvaise foi, décida de prendre la parole :
« Majesté, Seigneurie majestueuse, si je puis me permettre ce que je me permets, attention attention, le pont que j'ai fait apparaître disparaîtra à minuit exactement.  Que voulez-vous, c'est toujours comme ça avec moi, on croit que ça va durer et à minuit, pfuit pfuit pfuit, plus rien.  Déjà dans ma jeunesse, ça m'avait joué des tours.  J'en avais même perdu une chaussure.

Le Roi n’avait plus rien à dire. Vexé, il leur demanda seulement de les aider à... regarder la télévision.  Ils se partagèrent les postes.  Cendrillon, elle, regardait la chaîne en noir et blanc du royaume Ténébreux... Elle disait que ça lui rappelait sa jeunesse. 

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