3.
Une disparition ! Pire, un enlèvement.
Enfin, les domestiques du
Château des cinq tours réussirent à trouver un fil
assez long pour atteindre le pont brisé et le Roi Nicolas put appeler
l'école des Princesses et prévenir ainsi de son retard. La
directrice décrocha le téléphone :
Le Roi : Allô
? Bonsoir, Madame La directrice de l'école des Princesses.
La directrice était
une très vieille dame qui n'entendait pas très bien.
Elle avait connu le Roi quand celui-ci était tout petit et qu'il
venait à l'école des Princesses car en ce temps là,
il n'y avait pas encore d'école des Princes.
Le Roi : Allô
? Madame la directrice de l'école des Princesses ?
La directrice : À
qui voulez-vous parler ? La dame qui est triste et qui colle sans cesse
?
Le Roi : Non, mais
vous êtes bien la directrice de l'école des Princesses !
La directrice
: Soyez poli Monsieur ! Je suis une vieille dame, vous me devez
le
respect et ne me parlez pas de me pincer les fesses !
Le Roi : C'est un
malentendu. Je veux parler à la petite µ.
La directrice : Comment
ça, j'ai la voix qui mue, malotru ! Adieu Monsieur.
Le Roi supplia la directrice
de ne pas raccrocher. Il hurla tout en essayant de rester
cependant
le plus poli possible et ce n'était pas facile. Heureusement
la directrice commença à se douter de quelque chose et alla
mettre dans son oreille un petit appareil pour mieux entendre.
La directrice : Ah,
c'est le Roi Nicolas, vous ne pouviez pas le dire plus tôt ! Comment
va la petite µ ?
Le Roi : Comment
! Comment va la petite µ ! C'est moi qui vous demande comment
va la petite µ.
La directrice : Je
vous entends parfaitement ! Comment ! C'est vous qui me demandez
comment va la petite µ ? C'est bien à moi de vous demander
comment va la petite µ.
Le Roi Nicolas se sentait
de plus en plus fatigué.
Le Roi : Bon, s'il
vous plaît, Madame la Directrice, je voudrais parler à ma
petite Princesse µ.
La directrice : Vous
plaisantez ! Elle est partie dans votre carrosse il y a plus d'une
heure...
Le Roi, interloqué,
raccrocha le téléphone sans même saluer la directrice.
Quand µ était
montée dans le carrosse, elle l'avait fait sans y penser.
Elle était trop occupée à essayer de ne pas être
malade, trop malade. Elle était surtout inquiète de
tous ces bijoux qu'elle avait vomis. C’était vraiment bizarre
! On avait dû lui jeter un sort et µ se demandait bien qui.
Elle n'avait pas d'ennemis, sauf peut-être la Princesse Obsidienne,
une grande autruche avec laquelle elle ne voulait jamais jouer parce
qu'elle
sentait mauvais.
Une fois assise dans le
carrosse, elle avait regardé tout autour d'elle. Ce carrosse
ressemblait beaucoup à celui de ses parents, mais quelque chose
la gênait. Les coussins étaient bien du bleu du ciel,
mais dans ce ciel là, il y avait comme une menace d'orage, Les vitres
étaient bien lisses et pures comme du cristal, mais elles vibraient
et semblaient s'assombrir petit à petit. Les poignées brillaient
comme de l'or, mais à certains endroits elles ternissaient, un peu
rouillées. µ avait bien vu tout cela mais n'y avait pas fait
très attention. Elle se disait que sa maladie la rendait un
peu grognon. Elle se souvenait que son père répétait
sons cesse que les carrosses de maintenant, ce n'était plus comme
avant, et patati et patata. Elle repensait à son arrière
arrière arrière cousine, la Belle au bois dormant, qui avait
laissé cent ans son carrosse dans la cour du château, et qui,
enfin réveillée, l'avait retrouvé aussi neuf qu'au
premier jour.
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