21. Plan de bataille approximatif

Avec tout cela, l'heure avait tourné et l'école était déserte, Cloridrix guida Cendrillon et Curieux vers le bureau de la directrice. Ils avaient décidé de fouiller dans ses papiers. Cendrillon qui n'imaginait pas bien, ce que pouvait être ce bureau et s'il n'était pas gardé par des animaux féroces, se tenait prête, la baguette magique à la main et la formule à portée.  Mais il n'y avait rien, même pas un chat.  Ils fouillèrent partout et bien leur en prit car ils trouvèrent une petite botte de maquillage gravée, une petite boîte digne d'une Reine et Curieux reconnut tout de suite le blason de son Excellence La Magnifique Gertrude Ténébreux, la mère de Grisaille.  Dans les toilettes, ils trouvèrent aussi une toute petite bague, exactement du même modèle que celles que µ avait crachées.  Car les bijoux crachés avaient tous une marque, un air de famille, si bien que Curieux rêvait de constituer un fichier de toutes les Princesses en classant les bijoux qu'elles crachaient.

Cloridrix persuada alors Curieux de téléphoner à la police, à la brigade des mineurs.  Il lui expliqua que c'était une police spéciale pour les enfants. Curieux se promit bien de créer dès son retour une police spéciale pour les Princes et les Princesses, afin d'éviter qu'on ne les enlève trop souvent et que ça fasse tous ces problèmes.

Alors Curieux prit sa grosse voix professionnelle et néanmoins sympathique et il obtint en moins que rien, en commissaire très enclin, tous les renseignements dont il avait besoin : µ et Grisaille avaient été placés dons un pensionnat où l'on mettait les enfants fous, enfin un peu dérangés de la tête, enfin, handicapés mentaux.  La police avait dit : "Mythomanie, mythomanie aiguë, cher ami, ils se croient Prince et Princesse et racontent des histoires à dormir debout quand on fait la circulation au carrefour, et sans famille en plus, sans pièce d'identité. Ils sont mieux là-bas."

Le commissaire obtint même le numéro de la ligne d'autobus qu'il fallait prendre pour se rendre au pensionnat.  Cendrillon se disait que cette histoire commençait vraiment à ressembler à un conte de fée.  Mais sous quel prétexte entrer ? Cloridrix, encore lui, qui voulait mériter sa place dans une histoire magique et folle, trouva une solution. "Cendrillon, vous qui connaissez beaucoup d'histoires de fée, les histoires de vos copines, ces histoires qui plaisent beaucoup aux enfants, vous qui êtes une vrai spécialiste, vous devriez vous proposer pour en raconter aux enfants débiles, enfin fous, enfin handicapés mentaux. Le commissaire Curieux fera le journaliste et moi j'attendrai derrière la porte."

Raconter des histoires !  Cendrillon en connaissait bien quelques unes.  Elle pouvait aussi essayer de faire un peu de fumée pour rendre le spectacle plus coloré, plus vivant, plus spectacle pour enfants, c'était indigne d'une grande fée comme elle, mais tant pis. On téléphona, on prit rendez-vous : quelle joie, un spectacle pour enfants, gratuit, complètement gratuit.
 

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