Je
suis allé travailler
mais je me suis dispensé de mettre une cravate. Après tout,
je ne suis pas obligé. J'avais une visite à la bibliothèque
de France, fermée au public, ouverte pour quelques personnes. L'espace
des tours vides résonnait des cris des skateboarders et des touristes
regardaient les tours et les groupes en sueur qui s'agitaient au son de
musiques rap. J'aurais voulu aller voir le Batofar,
lieu des nuits de mon hiver, quand tu me donnais encore rendez-vous à
des heures impossibles qui creusaient mes cernes et me faisaient les
joues
pâles. Mais c'est l'été et il n'y a plus de rendez-vous.
Le Batofar toujours accroché à son quai semble rouiller de
chaleur sur la Seine verte, agitée par les bateaux mouches immenses
qui font demi tour juste à cet endroit. Je pense à toi, et
mon esprit est vide.
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J'ai
la certitude que tu
ne penses pas à moi. Je
n'aurais pas cette douleur triste dans le
dos et dans la poitrine, si un peu d'amour pouvait me parvenir. Je
ne pense
pas à toi, je t'appelle régulièrement à la
rescousse, avatar
tranquille de ma déprime revenue.
Je suis allé à
la Bibliothèque de France et il n'y avait personne dans les couloirs
majestueux, recouverts de moquette rouge et de parquets foncés.
Je vivrais bien à la Bibliothèque de France. Tu es un peu
comme le jardin central qui ne sert à personne et qui s'enfonce,
presque miteux, les arbres maintenus par des haubans assez disgracieux.
L'herbe
y est folle, et comme sale. Seuls les bouleaux, qui en ont vu
d'autres,
tiennent le rang d'arbres élégants. Moi, je passe, sans toi,
et les couloirs me
semblent
interminables. |