Il faisait exactement le
même temps, l'année dernière, quand je te téléphonais,
posté devant l'Olympia avant d'entrer, puis à la sortie,
après le concert de Véronique Sanson, quand je regardais
sortir tous ces gens qui avaient espéré pouvoir être
emportés un instant
par la voix. Comme ce soir là, comme tous les jours du mois de janvier,
c'est
d'abord le courage
qui
manque pour
aller et continuer tous les jours à marteler ces idées sinueuses,
qui avancent doucement, qui s'estompent au moment où on veut les saisir, les prendre avec soi pour se donner un peu
de force. Que
dis-tu de tout cela, toi, qui m'as abandonné depuis tout ce temps
et qui m'a enlevé ainsi le peu de force que j'avais pu trouver dans
les longues promenades du désert ?
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Alors que j'allais partir
ce matin, la musique du film In The Mood For Love, cette presque valse lente qui s'étale et
entoure, est jouée à la radio et j'arrête un moment
les préparatifs jusqu'à ce que le thème se déploie
entièrement dans la pièce. Je
regarde par la fenêtre grise et c'est bien le mot échafaudage
qui s'impose, de bric et de broc, comme mon humeur amoureuse, comme mon
amour, construit un peu de guingois et que je voudrais faire danser. Je
regarde l'échafaudage
gris sur le ciel gris, esseulé et je n'en sors pas, de ce regard,
de cette image fade et la musique m'accompagne lentement toute la journée.
Plus tard, je te vois par
hasard sous les colonnes du Palais royal. Tu parles avec je ne sais qui,
ignorant que je puisse te voir, allumant un à un les lampadaires
à ton passage. Mais ce n'était pas toi. |