|
À cette réunion
d'amis dans les jardins du Luxembourg, je
plaisante, j'arbore le sourire que l'on attend de moi, j'échange
des mots drôles contre d'autres mots drôles avec la sincérité
molle de l'été, comme une préparation à
d'autres mots, plus tard, quand cela aura un peu d'importance. Je
regarde
le jardin que j'arpente
par amour pour toi et le soleil me brûle et je t'aime et j'ai soif
et je marche et je te parle et ce que l'on me dit on me le dit de toi,
pour toi. J'écoute
ces mots que je vais te répéter, saluant les syllabes
une à une, leur rendant un culte secret, les détachant à
l'extrême, à faire craquer la langue, à
amenuiser tout le temps de tout le temps, pour juste faire plaisir
à tes yeux, au plissé soleil de tes yeux. |