Diégèse


samedi 26 janvier 2002




2002
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Je suis au dernier rang Turin est d'un amour malheureux, des prédictions ésotériques où les « cœurs se fendent et se lacèrent ». Je trouve par hasard un article déjà ancien sur le livre de Frédéric Pajak et sa méditation sur Nietzsche à Turin : « Ensuite, la découverte de Turin... Un centre parfaitement conservé. Une unité d'allure. Une ville spéciale, la plus détestée des Italiens, avec Trieste. Bref, j'ai eu envie de relire Pavese et Nietzsche. Le premier s'était suicidé à 42 ans, le second était devenu fou à 44. Moi, j'avais 40 ans, et je me demandais ce que j'allais faire de ma vie. » Je lisais juste ces mots quand tu m'as appelé. Je ne sais pas ce qui s'est passé lorsque j'ai entendu ta voix. J'espérais un message écrit, je n'avais pas pensé t'entendre. C'est la même voix et son grain, comme du papier de verre très doux, a agi sur moi comme une main que l'on reconnaît, comme un sourire qui découvre le visage oublié d'un ami. Je ne pouvais pas parler. Je pleurais. Je ne pouvais pas croire que tu parlais. Mais tu m'as dit que rien ne changeait, que tu ne viendrais pas, que tu ne pouvais pas, que j'avais brisé le rêve. Je crois que Turin pourrait aussi me rendre fou et Pajak raconte que Nietzsche trouvait le climat très agréable alors qu'il est infect et que je n'ai jamais, jusqu'à aujourd'hui connu la ville que mouillée à tordre le Saint Suaire.
Au cours de mes visites de l'après-midi dans un des monastères que je pressens comme décor de mon livre, je lis dans une brochure : « La vie des Saints est pour les autres une norme de vie » : par ces paroles l’Archevêque Card. Giovanni Saldarini inaugure le procès canonique pour cinq causes de béatification, à Turin dans le Sanctuaire de Marie Auxiliatrice, le 8 février 1995. Une de ces causes concerne la clarisse capucine sœur Maria Consolata Betrone. L’aperçu biographique de la nouvelle Servante de Dieu, née à Saluzzo (Cuneo) le 6 avril 1903 et décédée le 18 juillet 1946 au Monastère du Sacré Cœur de Moriondo Moncalieri (Turin), pourrait se résumer en style télégraphique dans la parabole d’une vie qui n’a duré que 43 ans, dont 17 ans en clôture rigoureuse. Et il en aurait été ainsi, si Dieu au contraire n’avait pas fait de sa brève existence un météore incandescent d’amour riche d’éternité. » Trois formes de folie tournent dans Turin et me disent mon âge et tu n'es pas là pour me protéger doucement. Je sors marcher dans la ville, je m'éloigne du centre. « I'll be seeing you ». La voix de Sarah Vaughan vient, modulée à l'extrême se ficher dans mes oreilles. « in every place ». Je ne cache plus les larmes que je dois à cette émotion. J'écoute en boucle la chanson pendant le trajet qui ne dure plus assez longtemps. La voix m'apaise peu à peu, comme les vers du Foscolo ont pu calmer Stendhal à Florence, je reprends mon amour et je sais maintenant que je n'avais plus de mots, ni pour toi ni pour personne, comme si ta bouche me les avait enlevés dans ces baisers que tu ne donnes pas. Je ne garde de cette course sous la pluie que le mal de gorge qui empiète peu à peu sur la conscience que j'ai du monde. je ne veux pas voir dans le miroir mon visage marqué par la fatigue et les miasmes. Pourtant, tout à l'heure, plus tôt, c'était toi qui m'écrivais et maintenant, plus tard, c'est ton silence qui m'accompagne. C'est décidé, je quitte Turin.










26 janvier















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