Ce qui se
présentait
en outre, c'est que je me nourrissais, marchais, sentais et pensais,
actions
que je rapportais sans doute à une âme, ou bien je ne m'y
arrêtais pas, ou bien j'imaginais
un minuscule je ne sais quoi, sur le modèle d'un vent, d'un
feu ou de l'éther, qui aurait été répandu
dans les parties les plus grossières de mon être. Quant au
corps, loin d'en douter, j'estimais en connaître distinctement la
nature, et si d'aventure j'avais tenté de la décrire telle
que mentalement je la concevais, voici comment je l'aurais explicitée
: par corps, j'entends tout ce qui est susceptible d'être borné
par une figure, d'être circonscrit en un lieu et de remplir un espace
de telle sorte qu'il en exclue tout autre corps, d'être perçu
par le toucher, par la vue, par l'ouïe, par le goût ou par l'odorat,
et aussi d'être mû de plusieurs façons, non certes par
soi-même, mais par quelque chose d'autre par quoi il est touché.
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Dans
le
jeu de mah-jong, kaza, c'est le vent. Il y a quelque part un restaurant
qui porte son nom. Si je me concentre maintenant vraiment, je crois que
je pourrai savoir où il se trouve. Mais maintenant, juste là
maintenant, le lieu du restaurant Kaza m'échappe.
Le
texte
m'échappe aussi.
Je
ne
peux pas aujourd'hui réfléchir à l'ouïe ni à
l'odorat, ni encore moins à l'âme. À quelle âme ? Je
ne sens rien. Quand je ne veux rien sentir, mon corps confondant sentir
et ressentir, mon nez se bouche. Le nez bouché, le goût entamé
par le rhume, la respiration encore sifflante d'une fausse bronchite,
le
corps qui s'endolorit, je vais. Je ne pense pas. Je prends quelques
images
avec un faux appareil photographique camouflé dans un téléphone
camouflé en ordinateur.
Je
ne sais pas vraiment ce que j'écris, ce que je vis et Descartes
ne me dit rien du trouble. |