Enfin,
pour ce qui touche les parents, à supposer que soit vrai tout ce
que j'en ai jamais cru, ce n'est pourtant pas eux, assurément, qui
me conservent ni même qui n'ont été d'aucune façon
la cause efficiente de moi en tant que je suis une chose qui pense ; ils ont seulement mis de certaines dispositions dans cette matière
en laquelle j'ai jugé que moi, c'est-à-dire l'esprit, que
seul à présent je prends pour moi-même, je me trouve ; par conséquent il ne peut y avoir ici à leur égard
aucune difficulté, et il faut conclure sans réserve que,
de cela seul que j'existe et qu'il y a en moi une certaine idée
d'un être tout parfait, c'est-à-dire de Dieu, il est très
évidemment démontré que Dieu aussi existe. |
Les
parents
ne sont pas responsables de mon esprit comme ils ne sont pas
responsables
de l'idée de Dieu qui est en moi. Je me prends à rêver
aux parents de Descartes sans savoir aucunement qui il étaient et
s'ils étaient encore en vie quand Descartes écrivait Les
Méditations. Papa Descartes et maman Descartes
connaissaient-ils
le latin du petit René, qui leur donnait bien des satisfactions
même si c'était un enfant têtu et par trop solitaire.
Connaissait-on à Descartes des jeux d'enfants et de petits
camarades ? Car l'idée de Dieu aurait tout aussi bien pu naître en
lui
des perfections d'un petit camarade de jeu... Mais de cela non plus je
ne sais rien et n'en
saurai jamais rien et cela m'indiffère. |