Diégèse


mardi 28 février 2006




2006
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L'atelier du texte
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avant le texte
le texte
Je le répète, je vais le répéter : trois personnages, trois personnages encore indistincts, c'est lourd, c'est difficile. Ils bougent lentement, ils décident lentement de bouger, ils ne bougent presque pas, ils ne parlent presque pas, ils ne font rien, ils existent à peine. Du fait qu'ils sont trois, du fait qu'ils sont maintenant trois, ils font comme s'ils n'avaient pas besoin de moi, comme s'ils n'avaient plus besoin du texte, comme si leur importance et ce qui était pour eux important ne venait plus du texte, ne venait pas du texte. 
Je dois donc ramener les personnages au texte, vers le texte, dans le texte. Je devrais peut-être leur trouver quelque chose à faire. Je pourrais les envoyer en voyage. Ce serait bien un voyage... Ce serait pour moi comme des vacances.

A. B. et C. sont assis sur le canapé, sont désormais assis sur le canapé, l'un à côté de l'autre, alignés, comme les gens sont assis, alignés, sur les bancs dans les gares ou dans les aéroports, sur les rangées de sièges individualisés dans les gares et dans les aéroports, surtout dans les aéroports et dans quelques gares, dans les plus grandes gares.

A. B. et C. attendent silencieusement. On suppose qu'ils attendent puisqu'il ne se passe rien, puisqu'ils ne disent rien, puisqu'ils ne se disent rien, puisqu'ils ne bougent pas, puisqu'il n'y a pas de musique, puisqu'il n'y a rien à la télévision, rien sur le téléviseur, puisqu'il n'y a aucune image projetée. S'ils existent, s'ils existent encore, ils attendent. Ils sont en attente. Ils sont sur « pause ».

B. : Je jure que nos mouvements étaient sur « pause ».
Le téléviseur se met en marche.

C. : Nous ne sommes pourtant pas dans un jeu vidéo.

A. : Nous n'en savons rien.





après le texte
Pourquoi devrais-je trouver nécessairement quelque chose à faire aux personnages ? Pourquoi faudrait-il qu'une intrigue avance ? Pour passer le temps de qui ? Quelle serait l'obligation, l'ardente obligation de faire « histoire » ? Je peux laisser les personnages sur « pause » aussi longtemps que nécessaire, aussi longtemps qu'il sera nécessaire pour que ce qu'ils ont à faire, pour que ce qu'ils doivent faire apparaisse avec force et évidence. Je peux les laisser sur « pause » sans qu'ils se plaignent, sans que je me plaigne. Je peux même imaginer que le lecteur, cet éventuel, puisse accepter aussi de lire que des personnages sont sur « pause » plutôt que de devoir les voir occuper le temps comme dans les feuilletons télévisés qui passent à la télévision le matin juste après le départ des enfants pour l'école, ces feuilletons qui signalent que si vous pouvez les regarder, c'est que vous êtes sans doute vieux, seul et désespéré. 
Amour, Gloire et beauté... 
Je laisse les personnages sur « pause ».











28 février










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Je ne vois pas de plans pour les temps ordinaires, ces temps qui, à être trop délaissés, pourraient bien devenir des temps de révolte. Métaphysique : recherche de ce que sont les êtres en eux-mêmes. Forcené. Je continue à longer la lagune, regardant parfois, à la faveur d'une éclaircie, un campanile qui tiraille le ciel. Ce qui fait que cela suinte, que cela coule. Je ne sais qu'en dire et qu'en faire.





Il ne semble pas que je puisse jamais être pleinement certain de rien d'autre.


Je ne sais rien, je ne peux plus rien.