Diégèse


dimanche 8 janvier 2006




2006
ce travail est commencé depuis 2200 jours (23 x 52 x 11 jours)
et son auteur est en vie depuis 16653 jours (3 x 7 x 13 x 61 jours)
ce qui représente 13,2108% de la vie de l'auteur
deux mille trois cent soixante-dix-neuf semaines de vie
hier

L'atelier du texte
demain
Séquence 01








avant le texte
le texte
Le texte a un autre ennemi, ou un adversaire, ou un autre adversaire, un adversaire qui se ralliera, qui devra bien se rallier mais qui, se ralliant trop tôt, se ralliant de façon impulsive, risquerait bien de faire échouer la tentative, la naissance, le texte. 
C'est le titre. Cet adversaire, c'est le titre. Le titre qui vient, des mots qui d'emblée disent qu'ils constituent un titre, qu'ils constituent le titre.
Je tue l'imaginaire et j'attends l'embellie.
C'est seulement un exemple de phrase qui veut se faire titre, qui se proclame titre. Titre de je ne sais quoi. Titre d'un texte qui n'existe pas.
Mais je peux aussi instruire à décharge le procès du titre. Il pèse tant de contraintes sur le pauvre titre, qui va tout supporter, qui va supporter toutes les professions qui manipulent les textes, qui les manipulent bien, ou mal, et qui, lorsque ce sont des livres, lorsque ce sont ce que l'on appelle des livres, désignent sur une liste, quelques titres, qui tirent le livre par le titre vers le pilon.
Pauvre titre soumis à la réclame, soumis à la promotion, soumis au catalogue et au catalogage, soumis au passage et à la citation, qui doit assumer l'identité du texte et se faire beau en toutes circonstances, être à la mode, suivre le mouvement, s'insinuer, faire de l'entrisme, s'exhiber, faire les cocktails, envahir les mémoires. Pauvre titre.
Pauvre titre, mais on ne peut cependant pas accepter qu'il vienne avant l'heure. Merci. On le convoquera. 
Et Je tue l'imaginaire et j'attends l'embellie va rejoindre la salle de garde des titres, de ces pauvres titres qui ne seront jamais appelés, qui, peut-être, ne seront jamais appelés, qui seront punis d'avoir voulu s'imposer à un texte qui, dès lors, ne sera jamais écrit.

Noir. C'est le noir complet.
Un pas, des pas, et en crescendo jusqu'au piétinement, un piétinement incontrôlé, un piétinement de foule, un piétinement qui ne se contrôle pas et puis on distingue, de façon très progressive, et cette progression est si progressive qu'elle est agaçante, qu'elle est impatiente, on distingue un rythme et le rythme va faire du piétinement un piétinement contrôlé, un piétinement qui se contrôle, va faire d'une foule, du bruit d'une foule, de l'image d'une foule, une troupe, et va faire du piétinement, de ce piétinement, une danse.
Lumière.
Il y a un téléviseur, il y a le téléviseur, et face au téléviseur, il y a le fauteuil, il y a un fauteuil. On voit l'écran du téléviseur et l'on voit le dos du fauteuil. Il n'y a personne sur le fauteuil. Il n'y a plus personne sur le fauteuil. Il n'y a personne sur le fauteuil. Il n'y a plus personne sur le fauteuil.
Sur la droite, il y a un homme de face. Sur la droite, il y a l'homme qui était sur la gauche, qui était à gauche, qui était précédemment à gauche, et qui était de dos et qui est désormais à droite, sur la droite, et qui est de face. Il est debout. Il est entièrement debout. Il est entier, entièrement visible. Un homme. Il sourit.





après le texte
Il y a l'influence de la danse. Il y a l'influence des spectacles de danse et cela peut être Pina Bausch et cela peut être Maguy Marin. Peu importe. Ce qui fait danse et ce qui fait musique. Peu importe ce qui fait danse et ce qui fait musique.
Il semble que le texte a vaincu le spectacle de danse, ou le souvenir du spectacle de danse et qu'il impose son rythme, le rythme du texte au rythme d'une danse, au rythme de la danse.
Il a réussi alors à imposer aussi, à faire apparaître, à oser un personnage debout, en entier et de face. Mais il lui a fallu pour cela vaincre l'envie de titre, l'envie de début, l'envie de fin, l'envie de spectacles, l'envie de spectateurs et d'applaudissements, les envies, les tentations...











8 janvier










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La prison ne peut répondre au désespoir. La méditation d'hier m'a jeté dans de si grands doutes qu'il n'est plus en mon pouvoir de les oublier. L'appel de chants qui la feraient danser. Plisser le sourire. L'énervement du piétinement. Danse. Séduction.