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Je pourrais repartir.
Je
pourrais repartir demain. J'irais à Venise ou
vers une de ces
destinations
italiennes qui n'aiment pas mon hiver et que je rejoins pourtant quand
le froid est venu. Je n'irais pas à Venise, dans une
promenade qui pourrait nier Venise, comme destination et comme
littérature. Je
pourrais repartir et ce serait le voyage. Il y aurait de la fenêtre
du train ce défilement continu d'images fixes, d'images filées
par la vitesse plus ou moins grande du train. Il y aurait encore
cet
encadrement
particulier, asymétrique du paysage par la vitre d'une voiture.
Et puis il pleut. Les
vêtements de pluie engoncent le temps et l'idée même
de ne plus rien dire. Il y aurait tout cela face à mon immobilité,
et quelques bruits parfois qui pourraient même m'inquiéter. Mais il n'y a toujours
pas d'histoire. Ou alors il y a comme
une histoire morte, comme une histoire déjà morte, déjà
tuée. |