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Ni l'existence, ni
l'expérience
d'une réalité qui se dérobe, qui se dérobera
pendant tout le temps du monde, le temps des vies dans ce monde, ne
sont
nécessaires, ne me sont plus nécessaires. Sans souvenirs,
sans mémoire, je n'en ai plus besoin. J'ai ainsi arrêté
de commercer avec les fictions, de créer des fictions et d'entrer
dans les fictions des autres. Je ne comprends par exemple plus rien
aux
publicités sur les murs des villes qui sont toutes des extraits
de romans de la rentrée littéraire que je ne lirai pas, qui
font toutes appel à des fictions, à du récit, à
du récit avec des personnages et qui demandent, pour être
comprises, que l'on mobilise ses souvenirs et ces souvenirs
particuliers
qui sont des fantasmes. Je
ne sais rien de tout cela. Je retourne vers des textes anciens. Les
vieilles légendes allemandes fonctionnent par ma peau, dans l'air
du vent, à la musique des feuilles, à leur rythme, sans encombre.
Je n'ai plus de souvenirs. Je n'ai plus de
fantasmes. Il
me reste les
formes. Le
soleil revient et je me soucie enfin du soleil. Cela
s'installe. |