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Je
commence aujourd'hui la dernière semaine de mon texte et aussi la
dernière semaine de mon voyage européen. J'éprouve
une crainte irraisonnée à l'usage du mot « dernier ». La crainte
est irraisonnée et l'usage est tout aussi irraisonné que
la crainte. Cet usage contredit tout ce que j'ai écrit les semaines
passées, qui ne sont pas les dernières semaines. Si je m'arrête
un instant, rien n'est jamais dernier, tout est toujours premier. Ce sera
bientôt le premier jour d'automne où je n'écrirai pas
d'une ville inconnue. Ce sera bientôt le premier jour que je
passerai
dans le meublé que j'aurai trouvé dans une ville que j'avais
oubliée. Rien n'est ainsi « dernier », du
moins que mon entendement reconnaisse. |