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Mathieu
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Je
voyage tout le jour et je ne vais nulle part, je longe le Rhin, me
heurtant presque à la digue. Il y avait si
longtemps
que je n'avais pas expérimenté ce paysage lentement mobile à
travers un pare-brise rectangulaire comme un écran numérique, me
donnant un
monde mouvant à
ma fixation. C'est le réel mais c'est
du collage et j'écris
parce que je n'ai
pas accès à la réalité. Et les sons qui
accompagnent les images sur cet écran viennent de cette chanson que
je fredonne en boucle et le fleuve devient la seule
image, le seul paysage, cette chanson, la seule chanson. Je
regarde le soleil.
Je me trouve tout à la fois habile et un peu sot. Je suis en quelque
sorte mon propre sot et cela me va bien. je me fie encore une fois à La
Rochefoucauld, qui affirme qu'un
homme d'esprit serait souvent bien embarrassé sans la compagnie des
sots.
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