Diégèse




mardi 8 avril 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




Derrière la masure de Macquart, il y avait une petite cour qu'une muraille séparait du terrain des Fouque. Un matin, les voisins furent très surpris en voyant cette muraille percée d'une porte qui, la veille au soir, n'était pas là. En une heure, le faubourg entier défila aux fenêtres voisines. Les amants avaient dû travailler toute la nuit pour creuser l'ouverture et pour poser la porte. Maintenant, ils pouvaient aller librement de l'un chez l'autre. Le scandale recommença ; on fut moins doux pour Adélaïde, qui décidément était la honte du faubourg ; cette porte, cet aveu tranquille et brutal de vie commune lui fut plus violemment reproché que ses deux enfants. « On sauve au moins les apparences », disaient les femmes les plus tolérantes. Adélaïde ignorait ce qu'on appelle « sauver les apparences » ; elle était très heureuse, très fière de sa porte ; elle avait aidé Macquart à arracher les pierres du mur, elle lui avait même gâché du plâtre pour que la besogne allât plus vite ; aussi vint-elle, le lendemain, avec une joie d'enfant, regarder son œuvre en plein jour, ce qui parut le comble du dévergondage à trois commères qui l'aperçurent contemplant la maçonnerie encore fraîche. Dès lors, à chaque apparition de Macquart, on pensa, en ne voyant plus la jeune femme, qu'elle allait vivre avec lui dans la masure de l'impasse Saint-Mittre.
La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Personne n'avait même remarqué, dans l'aveuglement propre aux commérages et à la malveillance, que la porte existait depuis longtemps, sinon depuis toujours, et qu'elle avait été murée en des temps lointains pour des raisons désormais oubliées. Il avait donc été assez aisé de la réouvrir et de redonner ainsi de la continuité à ce que l'histoire avait séparé. La masure avait un temps appartenu au domaine et dévolue à un gardien. La porte avait peut-être déjà servi à consommer un adultère et un mari jaloux l'avait peut-être fermée, laissant la petite maison, désormais peu accessible pour qui travaillait au Jas Meiffren. Macquart l'avait un jour occupée, mais il n'est pas certain qu'il en eût pour cela le titre. Personne n'aurait d'ailleurs songé à lui disputer ce tas de pierres blotti contre la muraille moussue, cette cabane aux fenêtres de guingois, laissant passer le froid de l'hiver et les insectes de l'été, aux murs noircis pas la fumée de l'âtre, ni surtout les quelques meubles effroyablement laids qui l'avaient toujours meublée. C'était encore le temps où les villes en leur périphérie laissaient aux pauvres et aux marginaux des lieux qui pouvaient les accueillir sans qu'ils y risquassent l'expulsion. La masure de Macquart était l'une de ces maisons communes que les pauvres se passaient de générations en générations.
Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










8 avril







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