Diégèse




jeudi 11 décembre 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




M. de Blériot et le colonel Masson entrèrent seuls dans la ville, laissant la troupe campée sur la route de Lyon. Ils avaient perdu un temps considérable, trompés sur la marche des insurgés. D'ailleurs, ils les savaient maintenant à Orchères ; ils ne devaient s'arrêter qu'une heure à Plassans, le temps de rassurer la population et de publier les cruelles ordonnances qui décrétaient la mise sous séquestre des biens des insurgés, et la mort pour tout individu surpris les armes à la main. Le colonel Masson eut un sourire, lorsque le commandant de la garde nationale fit tirer les verrous de la porte de Rome, avec un bruit épouvantable de vieille ferraille. Le poste accompagna le préfet et le colonel, comme garde d'honneur. Tout le long du cours Sauvaire, Roudier raconta à ces messieurs l'épopée de Rougon, les trois jours de panique, terminés par la victoire éclatante de la dernière nuit. Aussi, quand les deux cortèges se trouvèrent face à face, M. de Blériot s'avança-t-il vivement vers le président de la commission, lui serrant les mains, le félicitant, le priant de veiller encore sur la ville jusqu'au retour des autorités ; et Rougon saluait, tandis que le préfet, arrivé à la porte de la Sous-Préfecture, où il désirait se reposer un moment, disait à voix haute qu'il n'oublierait pas dans son rapport de faire connaître sa belle et courageuse conduite.
La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Et c'est ainsi que celui qui n'avait aucune légitimité devint légitime de la main de ceux qui avaient reçu leur légitimité de la loi. Et peu importait alors qu'il n'y eût aucune loi qui rendît Rougon légitime dans les crimes qu'il avait fait commettre et qu'il avait commis lui-même. Il avait reçu l'onction de l'État. Il était d'une certaine façon nationalisé. Ce n'est d'ailleurs pas toujours une vilénie que de reconnaître la force de la société et d'admettre qu'elle puisse dans certaines circonstances se substituer à l'armée et à la gendarmerie pour sauver la Nation et l'on a vu ainsi des villes et des villages résister vaillamment à l'ennemi et se comporter en héros. Mais on a vu aussi des villes et des villages se battre pour la liberté et être roulés dans la poussière. C'est qu'il y a des valeurs plus hautes que celles que l'État proclame et quand l'État se fait scélérat, la légitimité se trouve chez ceux qui le combattent. Et peu importe d'ailleurs qu'ils perdent ou qu'ils gagnent le combat. Il en va de même des guerres étrangères. On veut faire croire que l'on se bat pour des terres mais dans la plupart des cas, ce sont des valeurs qui s'affrontent sous couvert de gagner des territoires. Et telle nation pourra perdre la bataille qu'elle gagnera quand même si elle ne trahit pas son honneur et se bat pour des idéaux suprêmes, qui ne sont jamais autres que ceux inscrits sur les frontons de la République.
Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










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