Diégèse




jeudi 6 février 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




« Dieu m'est témoin, continua-t-il, que je n'envie et que je ne déteste personne. Mais, si nous triomphons, il faudra que je leur dise leur fait, à ces beaux messieurs. C'est l'oncle Antoine qui en sait long là-dessus. Tu verras à notre retour. Nous vivrons tous libres et heureux. » Miette l'entraîna doucement. Ils se remirent à marcher.
« Tu l'aimes bien, ta
République, dit l'enfant en essayant de plaisanter. M'aimes-tu autant qu'elle ? » Elle riait, mais il y avait quelque amertume au fond de son rire. Peut-être se disait-elle que Silvère la quittait bien facilement pour courir les campagnes. Le jeune homme répondit d'un ton grave :
« Toi, tu es ma femme. Je t'ai donné tout mon cœur. »

La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Sa réponse était cependant ambiguë, car cette République que le garçon aimait tant, était aussi cette femme puissante, cette Marianne aux pieds d'airain, dont le nom avait commencé à circuler dans les cercles révolutionnaires au début de l'été 1848. Silvère, alors plus jeune encore qu'en ce mois de décembre, avait conçu sans détour une fascination pour cette République altière et protectrice qui, subrepticement, prenait la place dans son âme encore fertile d'une mère cruellement absente. Il était donc sincère dans sa réponse à celle qui l'accompagnait sur la route de Nice. L'amour de la République, amour essentiellement filial, ne pouvait entrer en concurrence avec leur amour de jeunesse. Et Silvère sentait les bras charnus de la déesse laïque les entourer et les serrer plus fortement encore que ne le faisait la mantille de Miette.
Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










6 février






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