Diégèse | |||||||||
vendredi 14 février 2014 | 2014 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 5159 jours (7 x 11 x 67 jours) | et son auteur est en vie depuis 19612 jours (22 x 4903 jours) | ||||||||
ce qui représente 26,3053% de la vie de l'auteur | sept cent trente-sept semaines d'écriture | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Devant eux, la route de Nice montait le versant opposé de la vallée ; mais ils ne pouvaient en voir qu'un bout assez court, car elle fait un coude brusque, à un demi-kilomètre du pont, et se perd entre des coteaux boisés. En se retournant, ils aperçurent l'autre bout de la route, celui qu'ils venaient de parcourir et qui va en ligne droite de Plassans à la Viorne. Sous ce beau clair de lune d'hiver, on eût dit un long ruban d'argent que les rangées d'ormes bordaient de deux lisérés sombres. À droite et à gauche, les terres labourées de la côte faisaient de larges mers grises et vagues, coupées par ce ruban, par cette route blanche et gelée, d'un éclat métallique. Tout en haut brillaient, au ras de l'horizon, pareilles à des étincelles vives, quelques fenêtres encore éclairées du faubourg. Miette et Silvère, pas à pas, s'étaient éloignés d'une grande lieue. Ils jetèrent un regard sur le chemin parcouru, frappés d'une muette admiration par cet immense amphithéâtre qui montait jusqu'au bord du ciel, et sur lequel des nappes de clartés bleuâtres coulaient comme sur les degrés d'une cascade géante. Ce décor étrange, cette apothéose colossale se dressait dans une immobilité et dans un silence de mort. Rien n'était d'une plus souveraine grandeur. |
Émile Zola 1870
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Ils étaient à
ce moment étrange où le paysage ne montre plus
l'espace mais le temps. Chaque jour, chaque instant, l'homme feint
d'oublier l'inéluctable passage du temps et l'interdiction absolue qui
lui est faite de remonter son cours. Puis, soudainement, au détour
d'une rivière, d'une vallée, d'une route, le paysage change de nature.
Il n'y a plus de monts, de crêtes ni de vallons, il n'y a plus que le
temps. Il ne s'agit plus de ce temps métaphorique qui n'est que le
récit du temps qui passe et qui provoque cette douleur sourde que l'on
nomme nostalgie. Il ne s'agit plus du temps personnalisé qui raconte
une enfance, une jeunesse, des souvenirs clairs ou indistincts. Il
s'agit alors du temps perçu comme une dimension de l'expérience
ontologique de l'homme. Mais l'impression est fugitive. Très vite, l'esprit, incapable de soutenir ainsi la confrontation avec le mystère, divague et va se réfugier dans les couches molles et confortables de fables ou de chansonnettes. Il guette le mouvement, un animal qui traverse un toit, une fumée qui volette et qui pourrait le faire échapper à la contemplation décillée du temps. C'est qu'il a été confronté soudain, et sans aucune préparation particulière, à ce qu'il savait sans jamais le savoir vraiment. |
Daniel Diégèse 2014
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14 février | |||||||||
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