Diégèse




samedi 22 novembre 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




Le lendemain, avant le jour, Félicité alla à la mairie, munie des instructions de Pierre, pour pénétrer près de Macquart. Elle emportait, dans une serviette, l'uniforme de garde national de son mari. D'ailleurs, elle n'aperçut que quelques hommes dormant à poings fermés dans le poste.
Le
concierge, qui était chargé de nourrir le prisonnier, monta lui ouvrir le cabinet de toilette, transformé en cellule.
Puis il redescendit tranquillement.
Macquart était enfermé dans le cabinet depuis deux jours et deux nuits. Il avait eu le temps d'y faire de longues réflexions. Lorsqu'il eut dormi, les premières heures furent données à la colère, à la rage impuissante. Il éprouvait des envies de briser la porte, à la pensée que son frère se carrait dans la pièce voisine. Et il se promettait de l'étrangler de ses propres mains lorsque les insurgés viendraient le délivrer.
Mais le soir, au crépuscule, il se calma, il cessa de tourner furieusement dans l'étroit cabinet. Il y respirait une odeur douce, un sentiment de bien-être qui détendait ses nerfs
.

La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Ce cabinet n'avait rien d'une prison, et encore moins d'un cachot. C'était à peine si l'on pouvait le comparer à une cellule monacale, sauf à considérer qu'il s'agissait d'une cellule d'un monastère particulièrement confortable. Macquart n'avait jamais pris le temps d'un examen de conscience. Il était d'ailleurs de ces êtres pour lesquels le chemin vers leur conscience est long et semé d'embuches. Il n'avait ainsi jamais eu la force de le parcourir. Sans doute avait-il craint, aussi, ce qu'il eût pu y trouver. C'était donc la première fois depuis longtemps, et peut-être même la première fois de sa vie toute entière qu'il était livré seul à lui-même, sans rien pour le soustraire à sa propre compagnie, même pas une petite tasse. Macquart n'était pas homme à regretter longtemps. Il était même assez raisonnable, n'imaginant pas, comme le font pourtant la plupart des hommes, que ce qui est ne soit pas ou, pire, qui ce qui était ne fût pas.  Il avait donc fait ses comptes. L'alternative était simple. Si les insurgés gagnaient, ils reviendraient le délivrer. Il n'avait donc rien à faire sinon à rester dans ce cabinet, au plus près du bureau du Maire, pour pouvoir y reprendre sa place. Si le parti de l'ordre gagnait, mieux valait se faire oublier. Il attendait donc.
Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










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