Diégèse
|
|
|
|
|
|
samedi 5
décembre 2015 |
|
|
|
|
2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5818 jours (2 x 2909 jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20271 jours (3 x 29 x 233
jours) |
ce
qui représente 28,7011% de la vie de l'auteur
|
|
hier
|
|
|
|
|
L'atelier du texte |
demain |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
#ZOLA - #FortunedesRougon |
|
|
|
|
|
Granoux
sonnait toujours le tocsin. Quand le silence fut retombé, Rougon se
sentit exaspéré par ces sanglots. Il courut à la cathédrale. |
136
|
Vers le
matin, Rougon
traversa la place, il posa le pied sur la main d'un des cadavres,
crispée au bord d'un trottoir. Il faillit tomber. |
137
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Alep 2011 - Décalque |
|
|
|
|
en continu |
Ghali actionnait toujours la
sirène.
Quand le silence fut retombé sur la
ville, le bruit de cette sirène devint lamentable.
Raqqaoui, que la
fièvre brûlait, se sentit exaspéré par ces mugissements lointains. Il
courut à la caserne, dont il trouva la
petite porte ouverte. Le gardien était sur le seuil.
« Eh ! il y en a assez ! cria-t-il à cet homme ; on dirait
quelqu'un
qui pleure, c'est énervant.
– Mais, ce n'est pas moi, monsieur, répondit le gardien, d'un air
désolé. C'est M. Ghali, qui est monté dans
le poste… Il faut
vous
dire que j'avais débranché, par ordre du
directeur, justement
pour éviter qu'on actionnât la sirène. M. Ghali n'a pas
voulu entendre raison.
Il a grimpé quand même. Je ne sais pas avec quoi diable il peut faire
ce bruit. » Raqqaoui monta précipitamment
l'escalier qui menait à la sirène, en criant :
« Assez ! assez ! Pour l'amour de Dieu, finissez donc ! »
Quand il fut
en haut, il aperçut, dans un rayon de lune qui entrait par une des
fentes ménagées dans le mur, Ghali, sans foulard, l'air furieux, connectant
par saccades une grosse batterie sur les cosses de l'engin.
Il s'agissait du dispositif de secours en cas de panne d'électricité
mais Ghali ne savait pas l'utiliser. Le contact se faisait par
intermittence, ce
qui rendait ce bruit de pleurs et de lamentations qui
avait affolé la ville. On
aurait dit un diable torturant les nouveaux arrivés de l'enfer ;
mais
un diable en galabieh,
court et chauve, d'attitude maladroite et
rageuse.
La surprise cloua un instant Raqqaoui devant ce bourgeois
endiablé, se
battant avec une sirène, dans un rayon de lune.
Alors il comprit les mugissements incertains que cet
étrange individu
secouait sur la ville. Il lui cria de s'arrêter. L'autre n'entendit
pas. Il dut le prendre par sa galabieh, et Ghali, le reconnaissant :
« Hein ! dit-il, d'une voix triomphante, vous avez entendu !
J'ai
essayé d'abord de déclencher la sirène par tous les moyens. Heureusement, j'ai
trouvé cette batterie… Encore quelques
coups,
n'est-ce pas ? » Mais Raqqaoui l'emmena. Ghali était radieux.
Il
s'essuyait le front, il faisait promettre à son compagnon de bien dire
le lendemain que c'était avec une simple batterie de camion qu'il avait fait tout
ce bruit-là. Quel exploit et quelle importance allait lui donner cette
furieuse sonnerie ! |
Vers
le matin, Raqqaoui songea à rassurer
Fatima. Par ses
ordres, les
gardes du Parti
s'étaient enfermés dans le gouvernorat ; il avait défendu
qu'on relevât les morts, sous prétexte qu'il fallait un exemple au
peuple de la vieille ville. Et, lorsque, pour
courir chez lui, il traversa la place,
dont la lune s'était retirée, il posa le
pied sur la main d'un des cadavres, crispée au bord d'un trottoir. Il
faillit tomber.
Cette main molle qui s'écrasait sous son talon lui causa une sensation
indéfinissable de dégoût et d'horreur. Il suivit les rues désertes à
grandes enjambées, croyant sentir derrière son dos un poing sanglant
qui le poursuivait.
« Il y en a quatre par terre », dit-il en entrant.
Ils se regardèrent, comme étonnés eux-mêmes de leur crime. La lampe
donnait à leur pâleur une teinte de cire jaune.
« Les as-tu laissés ? demanda Fatima ; il faut qu'on les
trouve là.
– Parbleu ! je ne les ai pas ramassés. Ils sont sur le dos… J'ai marché
sur quelque chose de mou… » Il regarda son soulier. Le talon était
plein de sang. Pendant qu'il mettait une autre paire de chaussures,
Fatima reprit :
« Eh bien, tant mieux ! c'est fini… On ne dira plus que tu tires des
coups de fusil dans les glaces. » La fusillade, que les Raqqaoui avaient
imaginée pour se faire accepter définitivement comme les sauveurs d'Alep, jeta à leurs pieds la
ville épouvantée et reconnaissante. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5 décembre
|
|
|
|
|
|
|
|
2009 |
2008 |
2007 |
2006 |
2005 |
2004 |
2003 |
2002 |
2001 |
2000 |
|
|
|
|
|
2014
|
2013 |
2012 |
2011 |
2010 |