Les
jeunes de tous les quartiers d'Alep ont tous des rêves de jeunesse qui diffèrent
cependant selon la condition qui leur est faite.
Il y a ceux, les plus pauvres, qui rêvent de biens de consommation qui
leur paraissent inaccessibles et qui voudraient obtenir tel nouveau
modèle
de téléphone mobile. Il y a ceux qui voudraient voyager ; et ce rêve de
voyage est certainement le plus partagé. La destination change aussi
selon que l'on est riche ou non ; pour les plus pauvres, Damas semble
une destination lointaine et Beyrouth un eldorado chimérique. Tous ou
presque rêvent d'Europe, et surtout d'Amérique. Mais, sauf pour une
très petite minorité de jeunes qui, par la fortune de leurs parents, et
parfois une bourse obtenue d'un pays étranger, sortent du pays et
parcourent le monde, ils
savent
bien que ce rêve est irréalisable, et c'est ce qui leur fait crier très
haut
parfois qu'ils souhaitent du changement. Il n'y a rien de plus délétère
pour la jeunesse du monde que le sentiment de relégation dans laquelle
l'économie mondiale et les forces de l'argent tout autant que
politiques les plongent et les laissent. C'est la cause des plus
grands
tourments. |