Diégèse





lundi 2 novembre 2015



2015
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#ZOLA - #FortunedesRougon




Pendant ce temps, Rougon prenait officiellement possession de la mairie. À Plassans, le maire avait sous la main d'incroyables buses. 133
Le premier acte de Pierre fut de déclarer en permanence la commission provisoire. Puis il s'occupa de la réorganisation de la garde. 132










Alep 2011 - Décalque



en continu
Pendant ce temps, Raqqaoui prenait officiellement possession du gouvernorat. Il n'était resté que huit responsables de services divers ; les autres se trouvaient entre les mains des rebelles, ainsi que le gouverneur et les deux adjoints. Ces huit messieurs, de la force de Jisri, eurent des sueurs d'angoisse, lorsque ce dernier leur expliqua la situation critique de la ville. Pour comprendre avec quel effarement ils vinrent se jeter dans les bras de Raqqaoui, il faudrait connaître les bonshommes dont sont composés les services administratifs des villes syriennes. À Alep, le gouverneur avait sous la main d'incroyables buses, de purs instruments d'une complaisance passive. Aussi, le gouverneur n'étant plus là, la machine administrative devait se détraquer et appartenir à quiconque saurait en ressaisir les ressorts. À cette heure, le chef de la police ayant quitté le pays, Raqqaoui se trouvait naturellement, par la force des circonstances, le maître unique et absolu de la ville ; crise étonnante, qui mettait le pouvoir entre les mains d'un homme taré, auquel, la veille, pas un de ses concitoyens n'aurait prêté cent livres.
Le premier acte de Kemal fut de déclarer en permanence la commission provisoire. Puis il s'occupa de la réorganisation de la police et de la douane, et réussit à mettre sur pied trois cents hommes ; les cent neuf fusils restés dans le hangar furent distribués, ce qui porta à cent cinquante le nombre des hommes armés par les pro-régimes  ; les cent cinquante autres policiers et douaniers étaient des marchands de bonne volonté et des soldats à Sakkal. Quand le commandant Ghali passa la petite armée en revue devant la porte de la citadelle, il fut désolé de voir que les marchands de légumes riaient en dessous ; tous n'avaient pas d'uniforme, et certains se tenaient bien drôlement, avec leur keffieh, leur veste élimée et leur fusil. Mais, au fond, l'intention était bonne. Un poste fut laissé au gouvernorat. Le reste de la petite armée fut dispersé, par pelotons, aux différentes portes de la ville.
Ghali se réserva le commandement du poste de la porte d'Antioche, la plus menacée.
Raqqaoui, qui se sentait très fort en ce moment, alla lui-même dans la caserne, pour prier les militaires de rester chez eux, de ne se mêler de rien. Il fit, d'ailleurs, ouvrir les portes de la caserne, dont les rebelles avaient emporté les clefs. Mais il voulait triompher seul, il n'entendait pas que les militaires pussent lui voler une part de sa gloire.
S'il avait absolument besoin d'eux, il les appellerait. Et il leur expliqua que leur présence, en irritant peut-être le peuple de
la vieille ville, ne ferait qu'aggraver la situation. Le capitaine le complimenta beaucoup sur sa prudence. Lorsqu'il apprit qu'il y avait un homme blessé dans la caserne, Rougon voulut se rendre populaire, il demanda à le voir. Il trouva Razzi couché, l'œil couvert d'un bandeau, avec ses grosses moustaches qui passaient sous le linge. Il réconforta, par de belles paroles sur le devoir, le borgne jurant et soufflant, exaspéré de sa blessure, qui allait le forcer à quitter le service. Il promit de lui envoyer un médecin.
« Je vous remercie bien, monsieur, répondit
Razzi ; mais, voyez-vous, ce qui me soulagerait mieux que tous les remèdes, ce serait de tordre le cou au misérable qui m'a crevé l'œil. Oh !, je le reconnaîtrai ; c'est un petit maigre, pâlot, tout jeune… » Kemal se souvint du sang qui couvrait les mains de Selim. Il eut un léger mouvement de recul, comme s'il eût craint que Razzi ne lui sautât à la gorge, en disant :
« C'est ton neveu qui m'a éborgné ; attends, tu vas payer pour lui ! » Et, tandis qu'il maudissait tout bas son indigne famille, il déclara solennellement que, si le coupable était retrouvé, il serait puni avec toute la rigueur des lois.
« Non, non, ce n'est pas la peine, répondit le borgne ; je lui tordrai le cou
. »










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