Diégèse
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vendredi 2
octobre 2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5754
jours (2 x 3 x 7 x 137 jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20207 jours
(112 x 167
jours) |
ce
qui représente 28,4753% de la vie de l'auteur |
huit
cent vingt-deux semaines d'écriture |
hier |
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Il
y avait des jours où la clameur des morts devenait si haute, que
Miette, fiévreuse, alanguie, regardait Silvère de ses yeux noyés. |
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Ils
se questionnaient
souvent sur les ossements qu'ils découvraient. À chaque nouvelle
trouvaille, c'étaient des suppositions sans
fin. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Jamais les enfants ne
furent pris d'effroi. La tendresse flottante
qu'ils devinaient autour d'eux les touchait, leur faisait aimer les
êtres invisibles dont ils croyaient souvent sentir le frôlement, pareil
à un léger battement d'ailes. Ils étaient simplement attristés parfois
d'une tristesse douce, et ils ne comprenaient pas ce que les morts
voulaient d'eux. Ils continuaient à vivre leurs amours ignorantes, au
milieu de ce flot de sève, dans ce bout de cimetière abandonné, où la
terre engraissée suait la vie, et qui exigeait impérieusement leur
union. Les voix bourdonnantes qui faisaient sonner leurs oreilles, les
chaleurs subites qui leur poussaient tout le sang au visage, ne leur
disaient rien de distinct. Il y avait des jours où la clameur des morts
devenait si haute, que Maya, fiévreuse, alanguie,
couchée à demi sur
la pierre tombale, regardait Selim de ses yeux noyés,
comme pour lui
dire :
« Que demandent-ils donc ? pourquoi soufflent-ils ainsi de la
flamme
dans mes veines ? » Et Selim, brisé, éperdu, n'osait
répondre,
n'osait répéter les mots ardents qu'il croyait saisir dans l'air, les
conseils fous que lui donnaient les grandes herbes, les supplications
de l'allée entière, des tombes mal fermées brûlant de servir de couche
aux amours de ces deux enfants. |
Ils se questionnaient
souvent sur les ossements qu'ils découvraient. Maya, avec son instinct de
femme, adorait les sujets lugubres. À
chaque nouvelle trouvaille, c'étaient des suppositions sans fin. Si
l'os était petit, elle parlait d'une belle jeune fille cancéreuse, ou
emportée par une fièvre la veille de son mariage ; si l'os était
gros,
elle rêvait quelque grand vieillard, un soldat, un juge, quelque homme
terrible. La pierre tombale surtout les occupa longtemps.
Par un beau clair de lune, Maya avait distingué, sur
une des faces,
des caractères à demi rongés. Il fallut que Selim, avec son couteau,
enlevât la mousse. Alors ils lurent l'inscription tronquée : Cy
gist... Maya… morte...
Et Maya, en
trouvant son nom sur cette pierre, était
restée toute saisie.
Selim
l'appela « grosse bête ». Mais elle ne put retenir
ses larmes.
Elle dit qu'elle avait reçu un coup dans la poitrine, qu'elle mourrait
bientôt, que cette pierre était pour elle. Le jeune homme se sentit
glacé à son tour. Cependant, il réussit à faire honte à l'enfant.
Comment ! elle, si courageuse, rêvait de pareils
enfantillages ! Ils
finirent par rire. Puis ils évitèrent de reparler de cela. Mais, aux
heures de mélancolie, lorsque le ciel voilé attristait l'allée, Maya
ne pouvait
s'empêcher de nommer cette morte, cette Maya inconnue dont
la tombe avait si longtemps facilité leurs rendez-vous.
Les os de la pauvre fille étaient peut-être encore
là. Elle eut un soir
l'étrange fantaisie de vouloir que Selim retournât la pierre
pour
voir ce qu'il y avait dessous. Il s'y refusa comme à un sacrilège, et
ce refus entretint les rêveries de Maya sur le cher fantôme
qui
portait son nom. Elle voulait absolument qu'elle fût morte à son âge, à
seize ans,
en pleine tendresse. Elle s'apitoyait jusque sur la pierre,
cette pierre qu'elle enjambait si lestement, où ils s'étaient tant de
fois assis, pierre glacée par la mort et qu'ils avaient réchauffée de
leur amour. Elle ajoutait :
« Tu
verras, ça nous portera malheur… Moi, si tu mourais, je
viendrais
mourir ici, et je voudrais qu'on roulât ce bloc sur mon corps. » Selim,
la gorge
serrée, la grondait de songer à des choses tristes. |
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