Diégèse
|
|
|
|
|
|
lundi 28
septembre 2015 |
|
|
|
|
2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5750 jours (2 x 53 x 23
jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20203 jours (89 x 227 jours) |
ce
qui représente 28,4611% de la vie de l'auteur
|
|
hier
|
|
|
|
|
L'atelier du texte |
demain |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
#ZOLA - #FortunedesRougon |
|
|
|
|
|
Au
bout de quinze jours, l'enfant sut nager. Libre de ses membres, elle se
laissait envahir par les rêveries des berges mélancoliques. |
136
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Alep 2011 - Décalque |
|
|
|
|
en continu |
Un soir, elle apporta
un
costume de bain qu'elle s'était taillé dans
une vieille robe. Il fallut que Selim retournât chez
khale Didi chercher
son caleçon. La partie fut toute naïve. Maya ne s'écarta
même pas ; elle se déshabilla, naturellement, dans l'ombre d'un
arbre, si épaisse
que son corps d'enfant n'y mit pendant quelques secondes
qu'une blancheur vague. Selim, de peau brune,
apparut dans la nuit
comme le tronc assombri d'un jeune chêne, tandis que les jambes et les
bras de la jeune fille, nus et arrondis, ressemblaient aux tiges
laiteuses des bouleaux de la rive. Puis tous deux, comme vêtus des
taches sombres que les hauts feuillages laissaient tomber sur eux,
entrèrent dans l'eau gaiement, s'appelant, se récriant, surpris par la
fraîcheur. Et les scrupules, les hontes inavouées, les pudeurs
secrètes, furent oubliés. Ils restèrent là une grande heure, barbotant,
se jetant de l'eau au visage, Maya se fâchant, puis
éclatant de rire,
et Selim lui
donnant sa première leçon, lui enfonçant de temps à
autre la tête, pour l'aguerrir. Tant qu'il la tenait d'une main par la
ceinture de son costume, en lui passant l'autre main sous le ventre,
elle faisait aller furieusement les jambes et les bras, elle croyait
nager ; mais, dès qu'il la lâchait, elle se débattait en criant, et,
les mains tendues, frappant l'eau, elle se rattrapait où elle pouvait,
à la taille du jeune homme, à l'un de ses poignets. Elle s'abandonnait
un instant contre lui, elle se reposait, essoufflée, toute ruisselante,
tandis que son costume mouillé dessinait les grâces de son buste de
vierge. Puis elle criait :
« Encore une fois ; mais tu le fais exprès, tu ne me tiens pas. » Et
rien de honteux ne leur venait de ces embrassements de Selim penché
pour la soutenir, de ces sauvetages éperdus de Maya se pendant au cou
du jeune homme. Le froid du bain les mettait dans une pureté de
cristal. C'était, sous la nuit tiède, au milieu des feuillages pâmés,
deux innocences nues qui riaient. Selim, après les premiers
bains, se
reprocha secrètement d'avoir rêvé le mal. Maya se déshabillait si
vite, et elle était si fraîche dans ses bras, si sonore de rires !
Mais, au bout de quinze jours, l'enfant sut nager. Libre de ses
membres, bercée par le flot, jouant avec lui, elle se laissait envahir
par les souplesses molles de la rivière, par le silence du ciel, par
les rêveries des berges mélancoliques. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
28 septembre
|
|
|
|
|
|
|
|
2009 |
2008 |
2007 |
2006 |
2005 |
2004 |
2003 |
2002 |
2001 |
2000 |
|
|
|
|
|
2014
|
2013 |
2012 |
2011 |
2010 |