Diégèse




samedi 17 décembre 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Mais j'ai dit et répété que la société italienne d'aujourd'hui n'est plus clérico-fasciste : c'est une société de consommation permissive. Donc le fait qu'une campagne de persécution prenant les caractères archaïques du clérico-fascisme puisse s'y développer semblerait contredire mes affirmations. Mais la contradiction n'est qu'apparente. En effet  : premièrement, les auteurs de cette vulgaire et méprisable campagne contre la « différence » sont presque tous des hommes d'autrefois, formés avant l'époque de la société de consommation et de la soi-disant permissivité ; deuxièmement, comme je l'ai précisément dit et répété — la consommation n'est, dans ses effets, qu'une nouvelle forme de totalitarisme — en tant que complètement totalisante et aliénante jusqu'à l'extrême limite de la dégradation anthropologique, jusqu'au génocide (Marx). Sa permissivité est donc fausse : c'est le masque de la pire répression qu'un pouvoir ait jamais exercée sur les masses.
En effet (c'est une réplique de l'un des personnages de mon prochain film, tiré de Sade et situé dans la République de Salo) : « Dans une société où tout est interdit, on peut tout faire ; dans une société où quelque chose est permis, on ne peut faire que ce quelque chose. » 

Regarder ailleurs. Encore.
Les unes des quotidiens affichaient toutes, ces derniers jours, des images de la ville d'Alep détruite et aussi celles de ses habitants en fuite. C'était sans doute qu'aucun des candidats à la primaire de la gauche ne s'était cassé la jambe au ski, parce que la saison hivernale n'avait pas commencé. Même une chute banale dans un escalier, pour peu qu'elle eût laissé au malheureux des séquelles visibles, un plâtre, une attelle, aurait suffi pour que la presse, dans son ensemble ou presque, détourne les yeux d'Alep et pourchasse le boiteux en campagne.
Imaginons un instant un homme bien connu dans la ville pour indiquer chaque fois une mauvaise direction à ceux, qui, de passage, lui demandent leur chemin. Quel habitant, de la ville, perdu dans un quartier qu'il connaît mal, irait alors lui demander, à ce trompeur patenté, s'il doit plutôt aller vers la gauche ou vers la droite ? On s'en détournerait plutôt préférant à raison se fier au premier inconnu. Il en va de même avec les médias. Depuis le temps qu'ils courent après les recettes publicitaires, qu'il camouflent les publireportages en les faisant passer pour du journalisme, qu'ils veillent sans trop le montrer à ne pas froisser leurs actionnaires, et, dissimulant surtout le fait qu'ils tiennent leur lectorat, leur auditoire, dans un si grand mépris, que plus personne, au fond, ne tient vraiment à leur demander la voie. Cette perte de boussole a permis que fleurissent tous les complotismes, qui ne sont jamais que l'exaspération du goût atavique pour la médisance et la rumeur.
Pier Paolo Pasolini - Écrits corsaires - Cœur
Regarder ailleurs - Péguy-Pasolini #24 - Texte continu










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