Ils se
trompent. Ces politiciens se trompent. Du haut de cette
République quarante siècles (d'avenir) ne les contemplent pas. Si la
République marche depuis quarante ans, c'est parce que tout marche
depuis quarante ans. Si la République est solide en France, ce n'est
pas parce que la République est solide en France, c'est parce que tout
est solide partout. Il y a dans l'histoire moderne, et non pas dans
toute histoire, il y a pour les peuples modernes de grandes vagues de
crises, généralement parties – de France, (1789-1815, 1830, 1848) qui
font tout trembler d'un bout du monde à l'autre bout. Et il y a des
paliers, plus ou moins longs, des calmes, des bonaces qui apaisent tout
pour un temps plus ou moins long. Il y a les époques et
il y a les périodes. Nous sommes dans une période. Si la République est
assise, ce n'est point parce qu'elle est la République, (cette
République), ce n'est point par sa vertu propre, c'est parce qu'elle
est, parce que nous sommes dans une période, d'assiette. La durée de la
République ne prouve pas plus la durée de la République que la durée
des monarchies voisines ne prouve la durée de la Monarchie. Cette durée
ne signifie point qu'elles sont durables, mais qu'elles ont commencé,
qu'elles sont dans une période, durable. Qu'elles se sont trouvées
comme ça, dans une période, de durée. Elles sont contemporaines, elles
trempent dans le même temps, dans le même bain de durée. Elles baignent
dans la même période. Elles sont du même âge. Voilà tout ce que ça
prouve. |
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Charles
Péguy écrivait « il y a pour les peuples modernes de
grandes vagues de crises (...) Et il y a des paliers, plus ou moins
longs, des calmes, des bonaces qui apaisent tout un temps plus ou moins
long. Il y a les époques et il y a les périodes. » Nous serions
donc
entrés dans une époque, dans une crise. Mais, il y a des crises
qui portent des libérations, d'autres qui portent des aliénations, des
réifications. 1848, le Printemps des peuples, était une crise de
libération. La crise des années trente était porteuse de la plus
douloureuse vague de réification des peuples que la civilisation ait
connue. Celle des années soixante se voulait une libération. Force est
de constater que les crises de réification ne sont jamais favorables à
la condition des femmes. En prenant les choses à rebours, on peut même
considérer que la condition faite aux femmes en temps de crise est un
indicateur du type
d'époque où l'on se trouve, où l'on bascule. Ce que nous dit la
succession des événements de 2011 à 2016, c'est que l'on a espéré un
Printemps des peuples, qui s'est appelé Printemps arabe et que ce
printemps, dès 2013, s'était refermé dans la nuit de la réification des
masses, la nuit de la réification massive, ce que 2015 aura confirmé de
la façon la plus violente qui soit. À qui profite le crime ? Qui a
intérêt à ce que le patriarcat demeure,
voire qu'il se renforce ? Qui a intérêt à présenter l'organisation
patriarcale violente de la société comme l'état naturel de la société
et la libération des femmes, et donc la libération des mœurs, comme une
perversion ? Trouver le bénéficiaire, c'est trouver le coupable. |