Diégèse




mardi 17 mai 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Les problèmes d'un intellectuel appartenant à l'intelligentsia sont différents de ceux d'un membre du parti ou d'un homme politique, même si leur idéologie est la même. Je voudrais que mes actuels contradicteurs de gauche comprennent que je suis capable de me rendre compte que, dans le cas où le développement subirait un coup d'arrêt et où il y aurait récession, si les partis de gauche ne soutiennent pas le pouvoir en place, l'Italie s'effondrera tout simplement ; si, au contraire, le développement continuait au même rythme, le soi-disant « compromis historique » serait indubitablement réaliste, car il constituerait le seul moyen pour tenter de corriger ce développement, dans le sens indiqué par Berlinguer dans son rapport au comité central du parti communiste (cf. l'Unita, 4-6-1974). Toutefois, de même que les « visages » ne sont pas de la compétence de Maurizio Ferrara, ces manœuvres de pratique politique ne sont pas de la mienne. Au contraire, j'ai, plus que jamais, le devoir d'exercer sur elles mon esprit critique, à la manière de Don Quichotte et aussi, qui sait, en extrémiste. Quels sont donc mes problèmes ?
En voici, par exemple, un. Dans l'article qui a provoqué cette polémique (Corriere della sera, 10-6-1974), je disais que les vrais responsables des massacres de Milan et de Brescia sont le gouvernement et la police italienne, car si le gouvernement et la police l'avaient voulu, ces massacres n'auraient pas eu lieu. Lieu commun que cela ! Eh bien ! À présent, je vais définitivement me faire brocarder en disant que les responsables de ces massacres c'est aussi nous, progressistes, antifascistes, hommes de gauche. En effet, toutes ces dernières années nous n'avons rien fait :
1. pour que parler de « massacre d'État » ne devînt pas un lieu commun et que tout s'arrêtât là ;
2. (et plus grave) nous n'avons rien fait pour qu'il n'y ait pas de fascistes. Nous les avons seulement condamnés, en flattant notre conscience avec notre indignation ; plus forte et impertinente était notre indignation, plus tranquille notre conscience.

Et puis il y a cette histoire, et puis il y a cette femme qui s'est montrée la poitrine dénudée dans l'église de la Madeleine afin de protester contre la position de l'Église sur l'avortement. Rappelons les faits en empruntant leur récit au journal en ligne Le Huffingtonpost : « le 20 décembre 2013 au matin, la jeune femme s'était dirigée, torse nu, vers l'autel de l'église de la Madeleine à Paris face à une dizaine de personnes présentes alors qu'une chorale répétait dans l'édifice. Elle portait sur le dos l'inscription « Christmas is cancelled » (Noël est annulé) et sur le ventre « 344e salope », en référence au manifeste de 343 femmes appelant à la dépénalisation de l'avortement et à la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse en 1971. Elle avait ensuite déposé des morceaux de foie de veau censés représenter l'avortement de l'enfant Jésus. » Le curé de l'église de La Madeleine a décidé de porter plainte et, puisqu'il fallait bien trouver un motif à cette plainte devant la justice des hommes, c'est celui de l'exhibition sexuelle qui a été retenu, celui de blasphème étant plus difficile à manier dans le code civil, qui ne le reconnaît pas. Le motif de la plainte ne pouvait donc pas être qu'il s'agissait d'une femme représentant Marie, la mère de Jésus, la poitrine dénudée, ayant procédé à l'avortement de celui qui, né, serait devenu le Christ, ce dernier étant représenté par du foie de veau. Ce qui est choquant, dans cette histoire, ce ne sont pas les seins de la jeune femme, ce n'est pas le foie de veau, ce n'est pas la représentation de la Vierge Marie dépoitraillée, ce n'est pas l'évocation de l'avortement de la Vierge. L'histoire du catholicisme regorge de mythes beaucoup plus crus que celui-là et plus violents. Et il faudrait que la foi de l'Église soit bien faible pour s'effaroucher d'une telle mise en scène. Non, ce qui est choquant, c'est que le curé de la Madeleine, qui est pourtant éduqué théologiquement, qui est armé religieusement, ait refusé d'engager le débat sur un plan théologique et religieux et qu'il soit allé chercher cette grotesque accusation d'exhibitionnisme. Il est encore plus curieux, sinon choquant, qu'il y ait eu un tribunal civil pour le suivre dans cette errance. La bonne réponse était que Marie, qui risquait d'être accusée d'adultère, a gardé son enfant, mais surtout, que son mari Joseph ne l'a pas répudiée. La bonne réponse aurait été qu'il y a toujours la possibilité du pardon, toujours la possibilité de l'amour. La bonne réponse du curé de La Madeleine aurait été de chanter au miracle, et de rétablir ce Noël qui avait été annulé un peu rapidement.
Le véritable fascisme et donc le véritable antifascisme
Pier Paolo Pasolini - Écrits corsaires

Jeanne contemporaine  - Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #10










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