Ce prix,
cette valeur propre de l'affaire Dreyfus apparaît encore,
apparaît constamment, quoi qu'on en ait, quoi qu'on fasse. Elle revient
malgré tout, comme un revenant, comme une revenante. Ce qui double la
preuve, ou plutôt ce qui fait la preuve, c'est qu'elle ne se manifeste
pas seulement dans un sens, dans l'un des deux sens, mais ce qui fait
la preuve (rien ne prouve autant que le mal), c'est hélas qu'elle
prouve, qu'elle se
manifeste également dans tous les deux sens. Elle a dans le bon sens,
dans le sens mystique, une force incroyable de vertu, une vertu de
vertu incroyable. Et dans le mauvais sens, dans le sens politique, elle
a une force, une vertu de vice incroyable. Aujourd'hui encore,
aujourd'hui comme toujours, aujourd'hui plus que jamais on ne peut pas
en parler à la légère, on ne peut pas en traiter légèrement, on ne peut
pas en parler d'un air détaché. On ne peut pas en parler sans se
passionner, aussitôt. Aujourd'hui comme jamais tout propos qui se
tient, tout article de revue ou de journal, tout livre, tout cahier qui
s'écrit de l'affaire Dreyfus a en lui, porte en lui on ne sait quel
virus, quel point de virus qui nous travaille infatigable. On n'en peut
point toucher un mot qui ne soit nocif et sacré. Nous n'en souffrons
que trop, quelquefois, aux cahiers, le jeudi. Mais c'est la marque même
et le signe de la valeur, du prix propre le signe de l'élection.
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Pour
la plupart des commentateurs des élections présidentielles
autrichiennes, le pire a été évité de justesse, qui aurait conduit au
pouvoir d'un pays de l'Union européenne un leader d'extrême-droite
populiste. Et l'opinion publique croit - ou fait semblant de
croire -
que ce serait la première fois qu'un pays membre de l'Union serait
gouverné par l'extrême-droite. L'Europe serait donc de nouveau sous la
menace fasciste ! Il faut mieux y regarder. Depuis octobre 2015,
en
Pologne, les conservateurs du parti Droit
et Justice
gouvernent le pays. Dérive fasciste possible en Pologne ? C'est
presque
le titre de l'article publié dans le journal Le Monde par la sociologue
Ewa Bogalska-Martin : La Pologne n'est pas
à l'abri d'une dérive fasciste. Depuis, le gouvernement
polonais a montré qu'il endossait en tout cas une dérive autoritaire :
bonneteau sur
le tribunal constitutionnel, mise au pas des médias avec licenciements
de journalistes jugés incompatibles avec la politique gouvernementale,
arrêt du financement social de la fécondation in vitro, censure au
théâtre... Autre pays : la Hongrie. Elle est gouvernée depuis 2012
par
la coalition du parti conservateur FIDESZ et du KNDP, coalition qui
rassemble 68% des députés. C'est ce gouvernement qui n'a pas hésité à
recourir au travail forcé de prisonniers pour édifier un mur de
barbelés anti-migrants. La menace en Autriche devrait donc avoir un
aspect de déjà-vu.
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