Nous étions
autrement fiers,
autrement droits, autrement orgueilleux, infiniment fiers, portant haut
la tête, infiniment pleins, infiniment gonflés des vertus militaires.
Nous avions, nous tenions un tout autre ton, un tout autre air, un tout
autre port de tête, nous portions, à bras tendus, un tout autre propos.
Je ne me sens aucunement l'humeur d'un pénitent. Je hais une pénitence
qui ne serait point une pénitence chrétienne, qui serait une espèce de
pénitence civique et laïque, une pénitence laïcisée, sécularisée,
temporalisée, désaffectée, une imitation, une contrefaçon de la
pénitence. Je hais une humiliation, une humilité qui ne serait point
une humilité chrétienne, l'humilité chrétienne, qui serait une espèce
d'humilité civile, civique, laïque,
une imitation, une contrefaçon de l'humilité. Dans le civil, dans le
civique, dans le laïque, dans le profane je veux être bourré d'orgueil.
Nous l'étions. Nous en avions le droit. Nous en avions le devoir.
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Dans
ce temps-là, de l'après-guerre, et de guerre froide, et de guerres
coloniales, et de guerres civiles, quatre outils politiques simplistes
permettaient de savoir à peu près qui était qui sur l'échiquier
politique mondial : la droite, la gauche, l'extrême-gauche,
l'extrême-droite. En ce
temps de maintenant, en ce temps de
décomposition et recomposition qui forme des complexités nouvelles,
comme le dit Edgar Morin, ces quatre outils sont devenus obsolètes.
Cela ne veut pas dire qu'ils ne servent plus à rien. Cela ne veut pas
dire que tout se vaut. Cela veut dire qu'ils ne suffisent plus, qu'ils
ne peuvent plus suffire. Morin, affirme dans le journal L'Humanité du
18 avril 2016
qu'une nouvelle civilisation veut naître, qui par oasis encore éloignés
les uns des autres s'oppose à la barbarie du profit illimité.
Croyons-le, au moins un
moment, et tentons alors de relire les
élections autrichiennes sous cet angle.
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