Diégèse




jeudi 31 mars 2016



2016
ce travail est commencé depuis 5935 jours (5 x 1187 jours) et son auteur est en vie depuis 20388 jours (22 x 3 x 1699 jours)
ce qui représente 29,1103% de la vie de l'auteur
hier



L'atelier du texte demain
avant-hier



#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Aujourd'hui, pour la première fois, se dessine la possibilité d'une défaite de la D.C. : la masse des consommateurs qui lui ont glissé des mains en se formant une nouvelle mentalité « moderne », et l'effondrement de l'organisation ecclésiastique et de son prestige, l'exposent à une défaite qui l'obligera à jeter le masque de la démocratie et la placera en face d'une unique possibilité : recourir aux mêmes instruments de pouvoir que le fascisme. Je crois pourtant que cela est historiquement irréalisable. La menace pour l'Italie réside plus que jamais dans un coup d'État pareil à celui survenu en Éthiopie (ou au Portugal ?), un coup d'État dans lequel l'armée se mettrait — je crois — en dehors du vieil univers idéologique du fascisme. Il pourrait, en effet, se fonder uniquement sur le slogan de l' « ordre », mais d'un « ordre » qui protégerait non plus un état de misère et d'injustice (comme le faisaient le fascisme et la D.C. des années cinquante), mais le « développement », comme le veulent les industriels.
Pour toutes ces raisons, je suis partisan d'une confrontation directe, qui mène la D.C. à sa première défaite ; et donc, non seulement je n'ai pas peur du « référendum », mais encore je soutiens le grand défi lancé par les radicaux des « huit référendums ». En dehors, naturellement, de deux autres considérations qui suffiraient à elles seules à me pousser à prendre une telle position : 1) les abrogations réclamées par les « huit référendums » sont sacrées ; c'est le moins que l'on puisse faire pour « réellement » démocratiser la vie publique (j'ai, personnellement, quelques doutes seulement à propos de l'avortement). 2) Il ne faut jamais, en aucun cas, craindre l'immaturité des électeurs : cela est brutalement paternaliste ; c'est le même raisonnement que font les censeurs et les magistrats quand ils considèrent que le public n'est pas « mûr » pour voir certaines œuvres.

Que conclure de cette affaire, alors que le Cardinal Barbarin, après avoir demandé pardon dans son homélie de la messe chrismale qui précède Pâques, a aussi remercié ceux qui l'aident à faire son examen de conscience ? Je ne sais pas si je peux aider le Cardinal, mais si je devais m'adresser à lui, je lui dirais qu'il a très certainement péché en prenant position contre le mariage pour tous, mais que son affaire actuelle, qui le conduira peut-être devant les juges de son pays, ne constitue pas une pénitence, une punition de ce péché. Dans un cas, il a peut-être fauté. Dans l'autre, il a commis un péché mortel. S'agissant du mariage pour tous, sa faute principale, sa faute cardinale aura été de s'éloigner, sinon de la parole du Christ, de son message, de ce message qui est aussi transmis par la posture du Christ face aux événements qu'il rencontre. Que ce soit au moment où la femme adultère est menacée de lynchage, ou celui où il accepte de l'eau d'une femme considérée dans son village comme une prostituée, le Christ ne s'assimile jamais à la foule, il ne s'appuie pas sur l'opinion commune, il ne joue pas en bande organisée, même s'il a des disciples qui le suivent. La première faute du Cardinal Barbarin, celle qui l'aura conduit au péché, aura été de ne pas prendre en compte le caractère profondément anti chrétien des supposés catholiques de la Manif pour tous. Face à eux, la seule parole ecclésiale possible, après semonces, aurait été l'excommunication, tant ils défigurent le message du Christ, tant ils ont durablement affaibli l'Église. La deuxième faute du Cardinal Barbarin aura été de se livrer au plaisir de la communication médiatique, qui, dans le droit canon du vingt-et-unième siècle devrait être cité au rang des péchés capitaux, au sens, donc, premier du terme, c'est à dire au rang des péchés dont tous les autres péchés découlent. Le troisième péché, dont j'espère pour lui qu'il n'est pas mortel, ce troisième péché qui est le plus terrible pour un chrétien, qui le met véritablement en danger personnel, en danger de mort, c'est en fait de ne pas avoir cru à l'amour. S'agissant de la capacité dans laquelle il a peut-être été de dénoncer des crimes sans l'avoir fait, la justice des hommes passera. S'agissant de son reniement de l'amour, celui qu'il a commis en associant la demande de mariage de couples aimants à l'orgie et à l'inceste, pour ce péché-là, il ne trouvera que la justice de Dieu.
Prévision de la victoire au « référendum »
Pier Paolo Pasolini - Écrits Corsaires

Des barbarinades - Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #06 -










31 mars







2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000




2015 2014 2013 2012 2011 2010









Au réveil, amoureux sans amour, dans la nuit sans amour et tout le jour sans plus d'amour, au réveil je regarde ma vie.