Diégèse




vendredi 9 septembre 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










6 octobre 1974
Nouvelles perspectives historiques : l'Église est inutile au Pouvoir
Corriere della sera, sous le titre « Église et pouvoir »


Dans un article de violente réaction à mon intervention sur la situation actuelle et réelle de l'Église (Corriere della sera, 22 septembre 1974), l'Osservatore romano écrit entre autres choses : « Nous ne savons pas d'où le susdit tire tant d'autorité, sinon de quelques films d'un décadentisme énigmatique et répréhensible, de l'habileté d'une écriture corrosive et de certaines attitudes quelque peu excentriques. »
Limitons-nous à considérer cette phrase désuète, qui contient tout l' « esprit » (au sens de « culture ») de l'article clérical. Ce que l'on note avant tout, c'est une idée qui semble immédiatement aberrante à une personne normale : pour écrire quelque chose, il faut que quelqu'un possède une « autorité ». Sincèrement, je ne comprends pas comment on peut avoir une telle idée en tête. J'ai toujours pensé, comme n'importe quelle personne normale, que derrière qui écrit doit se trouver la nécessité d'écrire, la liberté, l'authenticité, le risque. Penser qu'il doive y avoir quelque chose d'officiel et de social qui « fixe » l'autorité de quelqu'un est une pensée — précisément aberrante — qui est évidemment due à la déformation subie par qui ne sait plus concevoir la vérité en dehors de l'autorité.

En 1974, l'Osservatore romano, répondant aux textes acerbes de Pasolini, qualifie son œuvre de décadente, à quoi Pasolini répond, dans le Corriere della sera par l'absolue nécessité d'une séparation de l'Église et de l'État. Les réflexions de Pasolini sur cette séparation prennent un accent nouveau dans le contexte mondial d'aujourd'hui marqué par des interventions islamistes violentes au nom du Dieu unique, mais ce n'est pas cela que je retiendrai, m'arrêtant sur le terme « décadence », ou encore « décadentisme », terme par lequel cette notion apparaît dans le texte de Pasolini.
En effet, dans la lutte morale que se livrent les pouvoirs laïcs occidentaux et des musulmans fanatisés et sectaires, l'idée et la croyance que l'occident serait en décadence, parfois implicite, parfois explicite, est centrale. Cela est très présent dans l'imaginaire des musulmans, et singulièrement des Arabes, y compris de celles et de ceux qui n'iront pas suivre les prédicateurs du djihad. Pour beaucoup de musulmans, s'il est vrai que l'occident a le pouvoir économique que lui donne la technologie, il court pourtant à sa perte, car il a abandonné toutes les valeurs morales qui fondent durablement la société, parmi lesquelles la chasteté des femmes et la pudeur, mais aussi la tempérance et, plus généralement, les bonnes mœurs. La légalisation des mariages entre personnes du même sexe est tout à la fois une abomination mais le signe attendu sinon espéré de l'accélération de cette décadence morale et civilisationnelle. « Babylone » va tomber et l'Islam, quelques siècles privé, du pouvoir temporel règnera sur le monde... Cette croyance, qui, je le répète, ne conduit cependant pas tous les musulmans à l'action violente, est largement partagée par de très nombreux musulmans. Il est vrai que cela joue aussi comme une consolation de toutes les avanies que l'occident leur a fait subir ces quelques derniers siècles.
Pier Paolo Pasolini - Écrits corsaires - Église et pouvoir
Péguy-Pasolini #17 - Diégèse 2016










9 septembre







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