Diégèse




vendredi 23 août 2019



2019
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L'Apprenti-philosophe 235



Gustav Diégèse














Sorte d'introduction à la dialectique

« Je ne me suis jamais posé la question. »


Vous avez certainement entendu ou prononcé vous-même cette phrase, peut-être même récemment. Quelle est cette question que vous ne vous êtes jamais posée ? Peu importe. C'est indécidable et cette question que vous ne vous êtes jamais posée peut tout aussi bien concerner des aspects très matériels de votre vie ou plus spirituels. Ce qui va retenir ici notre attention, c'est que vous choisissez de répondre, non par une réponse qui prendrait par exemple la tournure d'un « je ne sais pas », mais, par une absence rétrospective de question : « si je m'étais posé la question, j'aurais peut-être une réponse, mais ne me l'étant pas posée, je n'en sais rien. » Mais, cette formulation dissimule, et vous le savez bien, un refus. Ce refus n'est pas un banal refus de répondre, mais un refus qui englobe la question et la réponse. Ce que vous refusez à ce moment-là, c'est la dialectique, c'est toute dialectique. Nous rappellerons que le mot « dialectique » a la même racine que le mot « dialogue ». Ils viennent tous deux de l'art de la conversation. Cette réponse ne dit pas seulement que vous ne connaissez pas la réponse, mais, que vous refusez de la connaître et que, pour cela, vous refusez de vous posez la question.

Pourquoi est-ce intéressant ?

Ce qui nous semble intéressant, dans cette manière ne pas entrer dans la conversation, c'est qu'elle suppose que vous pourriez tout connaître, ou presque, pour peu que vous vous posiez la question. Or, il est couramment admis que l'on apprend des réponses que l'on reçoit ou que l'on trouve et non des questions que l'on se pose et que l'on pose. Or, justement, un philosophe qui venait avant Socrate et qui l'a influencé : Zénon d'Élée affirmait et démontrait que la pensée se faisait par un mouvement qui opposait des termes antagoniques pour extraire de cette opposition une synthèse. Élée est une ville où vécut un autre philosophe présocratique, le fameux Parménide et ce vieux ragoteur de Platon raconte que les deux philosophes n'étaient pas liés que par la philosophie. Il ne nous reste rien de l'œuvre originale de Zénon et nous n'en connaissons que ce que Platon et un autre philosophe nommé Diogène Laërce a bien voulu nous en transmettre, le plus souvent pour réfuter sinon caricaturer sa pensée qui s'exprimait souvent par paradoxes. Mais, nous n'allons pas courir après Achille et sa tortue maintenant1 pour retenir plutôt, ce qui avait impressionné Bergson, que Zénon met au cœur de sa pensée la continuité et non la division. Et c'est par là que nous reviendrons à votre réponse qui n'en est pas une. En rétorquant que vous ne vous êtes jamais posé la question, vous signifiez que le sujet abordé ne vous est lié en aucune façon, qu'il ne fait pas partie de vous. C'est une forme de « solution de continuité », ce qui, de manière contre-intuitive signifie que la continuité s'est dissoute. C'est d'ailleurs pourquoi, dans certains cas, votre interlocuteur ou votre interlocutrice pourra prendre plus ou moins bien ce qu'il ou elle considérera, à raison, comme une manière d'écourter, sinon de rompre, la conversation.

Nous pourrions objecter, notamment avec Freud, que ce refus peut être une dénégation, au sens psychanalytique que lui donnent Laplanche et Pontalis dans leur Vocabulaire de la psychanalyse  un « procédé par lequel le sujet, tout en formulant un de ses désirs, pensées, sentiments jusqu'ici refoulé, continue à s'en défendre en niant qu'il lui appartienne. » Dénégation ou non, il n'en reste pas moins que vous avez décidé de ne pas considérer la question et les réponses qui pourraient lui être données comme pouvant s'adjoindre à votre personnalité, c'est à dire votre propre dialectique. Qu'est notre connaissance en effet sinon un ensemble de questions et de réponses qui ne sont pas dissociables les unes des autres ? Refusez la question, vous refuserez la réponse. Et, si vous ne voulez pas connaître la réponse, il vous faudra refuser la question. Si vous êtes amené.e à vous poser la question, dès lors, le germe est dans le fruit et la réponse, un jour où l'autre, pointera son nez. Et c'est pourquoi, avec plus ou moins de bonheur, certains font parfois les questions et les réponses. Mais, il s'agit alors le plus souvent de politique et non philosophie.




1. Le Paradoxe d'Achille et de la tortue fait l'objet d'une notice en ligne très complète dans l'encyclopédie Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_d%27Achille_et_de_la_tortue









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4e de couverture






Celles et ceux qui sont allé.e.s au lycée gardent peut-être un souvenir mitigé de leurs cours de philosophie, synonymes de longues séances de lecture de textes difficiles qui leur paraissaient très éloignés de leurs préoccupation du moment... sauf d'une : celle de réussir son baccalauréat. Une fois celui-ci passé, les livres ont été rendus à la bibliothèque ou remisés sur l'étagère la plus haute de la bibliothèque. C'est ce que produit en général l'école sur les choses de l'esprit. Elle le fait aussi, de manière beaucoup plus massive et durable sur la poésie.
Gustav Diégèse, qui n'est pas philosophe, mais sans doute poète, fait le pari que nous pouvons toutes et tous nous mettre à philosopher, qu'il suffit pour cela de regarder autour de nous et de nous laisser aller... Laisser aller à quoi ? Laisser aller à oublier les opinions toutes faites, les habitudes de pensée, voire ce que l'on a appris... à l'école. Les dix chapitres de ce livre revigorant vous mettront sur la voie de la philosophie, et, qui sait, avec un peu de pratique, sur celle de la sagesse.










23 août







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