Diégèse




mercredi 20 février 2019



2019
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Mais le temps s'accélère 51



Gustav Diégèse














Milo rejoignit sans encombre les hauts de Belleville. Il fallait qu'il soit au belvédère de la rue Piat avant 18 heures. De là, il pourrait vérifier que le dispositif radiophonique qui avait été mis en place un peu plus tôt dans la journée fonctionnait correctement. Cela n'avait pas été facile de trouver des émetteurs radiophoniques en ordre de marche. Depuis que le régime avait coupé l'internet, les révoltés avaient retrouvé l'usage des ondes radiophoniques, dont on savait que même les nazis pendant la seconde guerre mondiale n'avaient pas réussi à brouiller entièrement la diffusion. Cependant, les jeunes n'avaient plus de postes radiophoniques. Certains avaient réquisitionné ceux de leurs parents ou de leurs grands-parents. D'autres s'entassaient dans des voitures encore munies d'un autoradio. Tout le monde s'attendait à ce que le régime coupe aussi prochainement la téléphonie mobile. Il avait renoncé jusqu'alors, disait-on, pour ne pas angoisser encore davantage la population. Mais, tout le monde savait que le téléphone mobile était l'instrument privilégié de la révolte, utilisé pour communiquer, mais aussi pour filmer, photographier, enregistrer et diffuser des informations et des témoignages ; tout cela que le régime appelait « les instruments de la subversion. »

Depuis le métro, Milo remonta la rue de Belleville avant de tourner à droite dans la rue Piat. Il savait qu'il pouvait monter sans encombre. Il avait placé des guetteurs en haut de la rue et si la police ou la police militaire avaient investi le belvédère, il en aurait été prévenu et aurait pu s'échapper. Arrivé là-haut, il regarda la ville. Un touriste aurait pu croire que rien ne se passait. Juste en face de lui, la tour Montparnasse ressemblait à un doigt d'honneur et il s'en amusa. Le doigt d'honneur aussi était devenu l'un des signes de ralliement de la révolte. Milo sortit de son sac le récepteur radiophonique professionnel qu'il avait récupéré chez son oncle, aujourd'hui en maison de retraite, mais qui avait été dans les années 1980 un pionnier activiste des radios libres. Il commença à parcourir les fréquences. Les messages affluaient. Il ne put s'empêcher de sourire. C'était bien l'imaginaire de la résistance qui était convoqué par les jeunes, avec d'autant plus de virulence et de ferveur que même leurs grands-parents n'avaient pas connu la seconde guerre mondiale. Les messages se succédaient les uns aux autres, parfois grandiloquents, parfois loufoques. « Le haut-bois boit » l'amusa particulièrement. Il n'en connaissait pas le sens. Les sections étaient très cloisonnées, par mesure de sécurité.

Il serait bientôt l'heure de la rejoindre.









page 51










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4e de couverture






Gustav Diégèse historien connaît bien les révolutions, et plus particulièrement le déroulé des révolutions à Paris. Rien de la géographie des émeutes ne lui est étranger. Il a refait toutes les cartes, positionné les barricades, cherché, le plus souvent en vain, les dernières traces des troubles du temps passé.
De cette géographie révolutionnaire et émeutière, Gustav Diégèse signe un roman que l'on pourrait qualifier de roman d'anticipation. Il plonge en effet son lecteur dans une révolution à venir, qui se déroule à Paris. Cette révolution utilise, ou veut utiliser, les modes de communication en réseau, qui sont bientôt coupés, et réinvente les moyens ancestraux de coordination. Les révolutionnaires saisissent ainsi très vite les dernières radios qui émettent sur les ondes plutôt que sur l'internet, avant de s'attaquer, plus tard, à la Maison ronde dont les salariés fraternisent avec les insurgé.e.s.
Mais ce roman est aussi un roman d'amour. Des discours et proclamations citoyennes, le lecteur, la lectrice, n'auront que des bribes, suffisamment saisissantes pour que l'on puisse dessiner le spectre des revendications, qui ont si peu changé depuis 1789.
La colère ancestrale des humiliés.
Est-ce que cela finit bien ? On ne le dira pas ici, bien sûr. On osera cependant affirmer que la fin est inattendue.
Ce livre est à lire absolument avant le printemps qui vient.










20 février






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