Diégèse




jeudi 17 janvier 2019




2019
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Les Collines de miel 17



Noëmie Diégèse














Je retiens l'Italie et la douceur de l'Italie.

Je voulais aller à San Remo, comme une envie de gelato, un peu de mauvais goût d'un film italien produit en série avec une voiture décapotable devant les mimosas froids. La magie de la carte a joué et je suis à Arma di Taggia, une invitation de la rivière Argentina. La maison me plaît et je contemple les ocres et les ombres comme je te regardais, avec l'intensité folle de rester là longtemps. C'est un long voyage. On traverse presque toute la ville et puis il faut marcher ensuite.

Je voulais écrire, mais c'est un après-midi de promenade, le premier, apaisé, une seule fois. Je marche vers la Vierge Brune, Pietabruna et je sens en moi l'odeur vague de poussière et de foin, quelques plantes chauffées par le soleil et mon cœur qui bat, car tu n'étais pas là.
Si je devais écrire un journal de ce voyage, du moment doux, quand j'ai regardé la mer, en vacances, en touriste, il n'y aurait ce jour là qu'un peu de blanc et de la compassion. Le soir d'hiver en Italie, comme l'algue verte qui revient, prospère, démange la côte, la nostalgie.
Il n'y aurait ce jour là qu'un peu de blanc et de la compassion.
Il n'y aurait ce jour là qu'un peu de blanc et de la compassion.

« Te souviens-tu de la dernière fois que je t'ai vu cette année-là ? » Je chante avec Fairouz qui chante et le paysage change, me ramène vers les collines syriennes. Il y a si longtemps. Je peux pourtant toucher encore cet infini chagrin d'amour. Rien qui vaille, qui défaille, aux mondes des fictions du monde


Plus loin, le magasin de souvenirs ne vend pas de souvenirs.


J'aime beaucoup l'Italie car je m'y sens française, mais d'une France qui n'existe pas, une France frivole et joyeuse. C'est pour cela que j'aime autant Vintimille qui, en quelques pas, me fait traverser mon fantasme.

Je retiens l'Italie et la douceur de l'Italie.

Je retiens l'Italie et la douceur de l'Italie.


Je peux me rappeler cela, le soir, même le soir d'hiver, le regard perdu dans la douceur du paysage et la douceur du paysage rappelle à moi ta douceur fugitive, l'écharpe sur ton cou, le parfum de ta nuque, et la douceur du paysage rappelle à moi le manque de toi.










page 17










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4e de couverture






Qui est-elle ?
On ne connaîtra ni son identité précise ni même son nom, et pourtant elle nous deviendra peu à peu familière. On s'en ferait presque une amie.
Avec son dernier livre, Noëmie Diégèse nous propose un covoiturage en Toscane. La conductrice a une vieille voiture. Elle écoute les grandes chanteuses arabes. On pourrait presque distinguer un soupçon d'accent dont on ne sait s'il est italien, libanais ou bien d'ailleurs encore. Peu importe. Le paysage défile. Le grand paysage méditerranéen. Les collines de miel. C'est l'hiver. Le vent malmène les mimosas froids.
J'aime beaucoup l'Italie car je m'y sens française, mais d'une France qui n'existe pas, une France frivole et joyeuse. C'est pour cela que j'aime autant Vintimille qui, en quelques pas, me fait traverser mon fantasme. Je me souviens que, la première fois, nous choisissions nos destinations au seul pouvoir évocateur des noms de villes.
Le monologue, entrecoupé de pages blanches qui sont certainement autant de silences, égrène quelques noms de villes. Pasolini n'est pas loin. On a parfois envie de répondre. Rien n'empêche vraiment de le faire. On revient de cette lecture profondément dépaysé.e, mais calme, comme après avoir côtoyé une douceur un peu nostalgique, mais profondément vivante.










17 janvier







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