Diégèse




lundi 22 juillet 2019



2019
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Heureux 203



Gustav Diégèse














« C'est par le manque que tout arrive ! » dit Marguerite Duras. C'est parce que rien n'est rigoureusement symétrique dans le monde que nous sommes perpétuellement à la recherche de la symétrie. La symétrie est d'abord un manque. Car, nous pouvons aisément la concevoir, pour ce en quoi, nous apprennent les lexicographes, la symétrie est une « correspondance exacte de forme, de grandeur, de position que les éléments d'un même ensemble, que deux ou plusieurs ensembles entretiennent entre eux, lorsqu'ils sont de part et d'autre d'un axe, d'un plan, d'un point autour d'un centre. » (CNRTL) Bien sûr, le point focal de la définition réside dans le terme « exact(e) ». De la même façon que nous savons que même notre univers n'est pas éternel, quand bien même nous pouvons concevoir ce qu'est l'éternité, nous savons tout autant que toute symétrie n'est qu'apparence et procède d'un effet de perception très fragile et précaire, car, il suffira de se déplacer, de s'approcher, de s'éloigner pour que la symétrie que nous avions cru percevoir s'évanouisse. Rien n'est symétrique sur terre, à commencer par notre cerveau dont les deux hémisphères qu'on a longtemps crus symétriques ne le sont en fait pas du tout, ou plutôt, pas vraiment.

Pour autant, sommes-nous toujours à la recherche de la symétrie ? Si l'on s'en tient à la décoration intérieure, par exemple, il est souvent de bon ton de rompre la symétrie. Examinons ce goût, qui serait donc contraire à notre intuition première selon laquelle la symétrie est le pivot de la beauté. Donc, rompre la symétrie ! Soit ! Mais à la condition que cela se voie. L'effet d'asymétrie doit être perçu comme volontaire. Si ce n'était pas le cas, l'effet recherché ne serait pas atteint. La preuve que l'on peut facilement trouver réside dans l'accrochage au mur de tableaux, de dessins, de photographies, ou quoi que ce soit d'autre qui pend à un axe et qui, par là-même, peut ne pas être parfaitement horizontal. Nous remarquerons que c'est moins l'horizontalité qui est le plus souvent recherchée que le parallélisme avec un mur considéré lui comme vertical et surtout avec un sol quant à lui, considéré comme horizontal... ce que l'un et l'autre sont rarement sinon jamais. Si vous repérez dans le salon d'un ami un tableau qui pend de travers, votre envie sera grande, sans doute, de vous lever pour tenter de le remettre « droit ». Ne souhaitant pas vexer votre hôte, vous pourrez alors user de stratagèmes afin de procéder à cette rectification, qui désormais vous obsède, de manière subreptice, lors d'une absence momentanée de votre hôte. Et si, par malteur, par on ne sait quel hasard de la mode ou quel goût dévoyé, votre hôte, s'apercevant du déplacement, venait à rétablir la position première, vous en concevrez alors un profond dépit, qui ira bien au-delà de l'entorse aux convenances et bons usages dont le tableau de guingois vous aura rendu coupable. Vous vouliez rendre service, après tout. Que nenni ! Vous vouliez rétablir la bonne intention. Car, si nous examinons maintenant ce qui s'est vraiment passé au cours de cette saynète, il nous faudra donc admettre que ce qui vous importait n'était pas que le tableau ne fût pas horizontal et vînt par là briser l'intention de symétrie qui fleurissait partout ailleurs dans le salon, mais bien que cette asymétrie ne fût pas intentionnelle. L'eût-elle été, ou l'eussiez vous su, qu'elle ne vous aurait plus dérangé. Et c'est ainsi que nous abordons une des caractéristiques essentielles de la symétrie : elle est supposée traduire une intention. Nous pensons souvent, ou nous avons pensé, mais à tort, que nos tentatives de mise en symétrie viendrait du goût que l'on aurait d'imiter la nature dans laquelle on remarque quelques éléments à peu près symétriques, notamment chez les animaux colorés tels les papillons. Pas du tout. Ce qui nous intéresse là, c'est encore l'intention. C'est certainement cette symétrie apparente qui, ne pouvant être dans notre esprit qu'intentionnelle, a suscité l'invention chez homo sapiens de toutes les divinités jusqu'aux plus récentes.

Si la symétrie existait, nous ne serions donc pas seuls.









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4e de couverture






Qu'est-ce qui rend heureux ? On ne compte plus, depuis des siècles sinon des millénaires, les traités philosophiques qui incitent à abandonner les plaisirs matériels pour ceux de l'esprit et l'adage nous enseigne dès l'enfance que l'argent ne fait pas le bonheur.
Et si, pour autant, la vérité du bonheur était ailleurs ?
Gustav Diégèse nous conduit sur une autre voie, ni matérielle, ni spirituelle et nous montre que ce qui nous rend heureux, c'est d'abord de percevoir et de distinguer au sein de cette perception un peu de l'harmonie du monde. L'être humain, selon Diégèse, est d'abord un être esthétique. Pour sa démonstration, l'auteur se fonde sur les expériences les plus récentes conduites par les meilleurs laboratoires de recherche en sciences cognitives. Ainsi, quelle que soit la culture ou le degré d'éducation d'une personne, et quel que soit son âge, la vision d'un objet harmonieux déclenche dans le cerveau humain des ondes caractéristiques du plaisir, quand, à l'inverse, une image de chaos provoquera une réaction de défense, sinon de fuite.
On sort ragaillardi de cette lecture et l'on regarde différemment ce qui nous entoure, se prenant à rechercher peu à peu quelques alignements ou encore le dégradé des couleurs d'un paysage comme on prend un médicament contre la dépression.










22 juillet







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