Diégèse | |||||||||
vendredi 15 mars 2019 | 2019 | ||||||||
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hier |
L'atelier du texte | demain | |||||||
Ce doit être beau | 74 | ||||||||
Mathieu Diégèse | |||||||||
Nous
sommes enfin arrivés hier à Palavas-les-Flots. Nous n'y étions
jamais venus alors que c'est la destination balnéaire privilégiée des
Cévenols. C'est le petit train de Montpellier à Palavas qui avait
scellé cet engouement. Le dessinateur Albert Dubout l'a immortalisé et
le musée qui porte son nom en garde les dernières traces. Le petit
train a fait son dernier voyage le 30 septembre 1968. L'ORTF était venu
filmer. Les habitants se plaignaient de la disparition du train pour
des motifs de bon sens qui le sont encore aujourd'hui. Mais il fallait
combler le déficit d'exploitation de la petite ligne et laisser la
place aux automobiles. Le refrain du déficit est encore entendu partout
en France et, comme on a supprimé les tramways des villes avant de les
y faire revenir, on reviendra certainement aux petits trains de
campagne. Peu de chance cependant qu'ils soient à vapeur. Leur
empreinte carbone serait trop importante. Le petit train de Palavas-les-Flots suivait à peu près le Lez, traversait le canal du Rhône à Sète avant d'arriver dans cette ville coincée entre la lagune de l'étang du Méjean, celle de l'étang de l'Arnel et de l'étang du Prévost. Aller à Palavas, c'était se donner le goût d'une Venise populaire. La ville se repose sur les deux berges d'un grand canal qui n'est autre que le Lez endigué. Un peu plus loin, au sud-ouest, seule au milieu des salins, la cathédrale de la Maguelone semble la rescapée d'une tempête terrible qui aurait abattu les maisons alentour. On ne connaît pas vraiment les raisons qui amenèrent l'institution d'un évêché sur ce qui était alors une île qui, depuis toujours, était occupée par les peuples aventuriers. La première cathédrale avait été transformée en mosquée et l'on raconte que c'est Charles Martel qui la fit détruire en 737. Cet épisode est régulièrement rappelé par les factions identitaires qui pullulent dans l'Hérault autant que les moustiques, qui se plaisent à agiter les gens avec le fantasme que l'occupant arabe pourrait revenir. Ce serait oublié que le site est en décadence depuis le quinzième siècle et que les Arabes n'y sont pour rien. Sans les Compagnons de la Maguelone, la cathédrale serait une ruine et il faudrait attendre un hypothétique Loto du Patrimoine. C'est d'ailleurs en partie le jeu qui fait la fortune de Palavas-les-Flots, qui gagne des millions et en redistribue quelques-uns. Il n'est pourtant pas très grand, pas même classé dans la liste des vingt premiers casinos de France. Palavas vit en se louant et les redevances font une bonne part de son budget. Elle vit des loisirs, du casino, des campings, du port de plaisance et d'un phare de la Méditerranée dont on se demande quelle administration aveugle et sans doute idiote a permis la construction. Il ne fait pas moins de quarante-trois mètres de hauteur et un restaurant nécessairement panoramique est installé en son faîte. Sans doute satisfaite d'avoir créé le monument le plus atrocement laid du littoral, la Ville a décidé de l'envelopper d'une animation lumineuse. |
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page 74 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Il
y a longtemps qu'ils ne regardent plus la télévision. Sans doute depuis
qu'il n'y a plus de magasins d'électroménager qui mettent en vitrine
des téléviseurs allumés. Lui, se rappelle vaguement avoir ainsi été
informé d'événements qui se passaient dans le monde. Mais il n'était
alors pas certain de leur signification. Ce n'est pas qu'ils soient
incultes ou arriérés. C'est même l'exact contraire. Par une sorte de
vœu fait l'un à l'autre, il y a si longtemps qu'ils ne se souviennent
plus depuis combien de temps, ils se sont retirés du monde moderne
pour vivre dans une bastide très reculée de la campagne cévenole, qui
pourrait bien avoir vu passer Stevenson sur son ânesse Modestine. Nul
ne pourrait d'ailleurs jurer qu'ils ne les aient pas vus eux-mêmes. Mais, un jour, ils décident d'aller voir la mer et rejoignent une station balnéaire de la côte languedocienne. Ce roman très attendu de Mathieu Diégèse, sous ses allures drolatiques, est un délicieux conte philosophique. Comment des personnages vivant comme au dix-neuvième siècle et férus de culture classique s'interrogent sur des produits de consommation qui, pour être présentés comme hédonistes n'en sont pas moins avilissants ? On retrouve ici avec bonheur l'écriture alerte du philosophe romancier. |
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15 mars |
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