Diégèse




jeudi 28 mars 2019



2019
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Et j'ai aussi abandonné la haine 87



Gustav Diégèse














Il est ainsi amplement démontré, et je n'aurais pas l'impudence de penser ajouter quoi que ce soit à cela, que la haine est du registre des émotions. La construction intellectuelle qui, plus que de la justifier ne fait souvent que la nommer, apparaît donc a posteriori. Cette inversion chronologique et causale est intéressante tout autant que terrifiante. « j'ai bien réfléchi, donc je hais » dit en permanence homo-sapiens, quand c'est plutôt la haine qui le fait réfléchir, rarement pour la combattre, mais, le plus souvent pour la justifier. « Je hais, parce-que... » impose le langage, au point de pouvoir se demander si cette déconstruction patiente de l'émotion mauvaise qu'est la haine n'est pas une des causes anthropologiques de l'apparition du langage. Quand, sur le divan du psychanalyste, la haine, camouflée sous la colère le plus souvent, apparaît, c'est une vague submersive qui renforce l'urgence de la parole.

Jacques Goldberg, dans son article « Violence animale, violence humaine », paru dans le numéro 32-33 de la revue Pardès en 2002, rappelle utilement qu'il n'est pas vraiment possible de comparer les deux types de violence, animale et humaine : « Mais tout ce que nous appelons communément violence chez l'animal ne l'est pas vraiment d'un point de vue éthologique. » affirme-t-il. Jacques Goldberg conclut ainsi son article : « la violence entraîne la destruction mais elle n'est donc pas inéluctable. On peut aller à son encontre. L'itinéraire d'une démarche de Tora doit pouvoir y conduire. »

Il est certain que l'on aurait pu trouver une phrase équivalente chez un auteur chrétien, musulman, bouddhiste... La religion, comme sublimation du langage, a pour première motivation de contenir sinon d'éteindre nos émotions de haine. C'est par la violence de Caïn contre Abel que commence l'histoire ; Goldberg le rappelle, quand les espèces animales ne tuent pas leurs congénères, l'espèce humaine signe dans la bible son humanité par le meurtre du plus semblable : le frère. Et Caïn dit à l'Éternel : « ma peine est trop grande pour être supportée... » Et c'est ici que se situe le mystère anthropologique qui distingue la prédation animale de la haine humaine. L'animal qui tue un animal d'une autre espèce pour se nourrir ne souffre pas de ce qui n'est pas un meurtre, puisqu'il n'entre là aucune forme de catégorie morale. L'homme qui tue, à peu d'exception près, souffre de son meurtre. De cette souffrance bijective, naissent donc les religions, mais aussi le droit, qui peut absoudre la souffrance tout aussi bien que la punir.









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4e de couverture






Lorsque notre haine est trop vive, elle nous met au-dessous de ceux que nous haïssons.
François de La Rochefoucauld - Maximes

Gustav Diégèse, anthropologue, se penche sur un sentiment, un mouvement d'esprit qui nous est familier, et qui reste pourtant mystérieux : la haine. Qu'est-ce que cette pulsion dévastatrice ? Comment se forge la haine pour un individu ? Quels sont les mécanismes de construction des haines collectives, de celles qui naissent parmi les supporters des équipes de football, ou celles, pire encore, qui conduisent aux génocides ?

L'originalité du livre de Gustav Diégèse est qu'il se concentre justement sur ce passage de la haine de l'individu au groupe et du groupe à l'individu. Comment ce qui paraît d'abord être une construction individuelle de supposé libre arbitre se propage, se partage en s'amplifiant, et se transmet aussi parfois même de générations en générations ?

Le voyage qu'il propose est à la fois passionnant et effrayant, qui tend à confirmer que la haine est le propre de l'humanité et que très peu nombreuses sont les sociétés qui ne gardent pas trace de haines collectives, ancestrales et mauvaises.










28 mars







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