Diégèse




mardi 26 novembre 2019



2019
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Des Métaphores propitiatoires 330



Mathieu Diégèse




Nous aborderons pour clore cet ouvrage la question de « l'extension métaphorique », expression par laquelle nous affirmons que la métaphore est présente dans tout énoncé, ne serait-ce que sous la forme de traces, comme celles que révèlent pour certains aliments des analyses biologiques poussées. Prenons par exemple la fin de la phrase qui précède : « analyses biologiques poussées ». Il semble assez évident que le terme « poussé(es) » est métaphorique et que personne dans un laboratoire n'a jamais vraiment poussé quoi que ce soit sinon un chariot avec du matériel et des éprouvettes. Soit. Prenons alors le terme « éprouvette ». Il porte trace de métaphore et celle-ci réside dans le suffixe. On peut même penser que le suffixe « -ette » est d'essence métaphorique. Signifiant la petitesse, il avait son pendant en « -et ». Remarquons cependant que si « -ette » fait encore florès, « -et » est vieilli et en voie avancée d'obsolescence. On le trouve encore, en cherchant bien, dans « coquinet », qui, du coup, en deviendrait presque efféminé. Car, la langue est sexiste et ce sexisme peut évidemment être porté par les métaphores incluses dans les suffixes. Il suffit de penser un instant au suffixe « -asse » pour s'en convaincre. Mais, penserez-vous peut-être et même certainement, où se trouve la métaphore dans « -asse » ? Les détours de l'étymologie nous apprennent que ce suffixe est associé à la dépravation. Ainsi, dès lors que l'on qualifie, par exemple, la chevelure d'une personne de « filasse » ou, pire, de « blondasse », on traite cette même personne, avec plus ou moins d'intensité, de « salope ». Sinon, la chevelure ne sera que peu fournie et blonde. On remarquera dans le même temps que le terme « brunasse », pour exister, est d'usage plus rare et que l'on peut même admettre qu'une « brunasse » serait une brune (homme ou femme) porteur-euse des mêmes caractéristiques que la « blondasse ». Admettons donc dans le même temps que le suffixe « -asse » est essentiellement métaphorique et que son usage le montre amplement.









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4e de couverture






Kafka détestait les métaphores. Des auteurs comme Pierre Brunel ont, avec d'autres, étudié le lien profond entre « métaphore » et « métamorphose » au sein des mythes, notamment. D'autres linguistes ont montré que le langage n'était jamais, ou très rarement, strictement dénotatif. Personne ne dit jamais« la fenêtre est ouverte » pour signifier seulement que « la fenêtre est ouverte » et la phrase peut signifier qu'il fait froid, que des animaux peuvent rentrer, que quelqu'un est passé par la fenêtre, que cette fenêtre ouverte était un signal convenu entre des conjurés, des espions... Mais, ce que Mathieu Diégèse dissèque avec attention dans cet ouvrage, c'est le rapport subtil que la métaphore entretient avec le temps qui passe. Sa thèse est qu'elle est« propitiatoire ». « Propitiatoire », on le sait, signifie littéralement « destiné à rendre la divinité propice ». La métaphore est donc à la fois magique et sacrificielle, et ce, dans les circonstances les plus triviales de notre vie langagière.
Mathieu Diégèse ajoute ici une pierre décisive à l'édifice patient de l'analyse de nos pratiques linguistiques.










26 novembre






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