Diégèse




lundi 14 octobre 2019



2019
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Sinistre Cortège 287



Gustav Diégèse














Faut-il, en conclusion de cet opuscule, conserver le nom d'Adolphe Thiers aux rues ainsi nommées ou bien alors débaptiser celles-ci ? On se gardera bien de prendre parti. On le sait, l'épisode de la vie politique de Thiers qui conduit à lui contester cet honneur et bien sûr le rôle implacable qu'il a joué dans l'écrasement de la Commune de Paris. Le discrédit posthume qu'il a connu et qu'il connaît encore a débuté peu de temps après sa mort à quatre-vingt ans en 1877. Les notices biographiques nous informent que le duc d'Aumale le considérait comme « le plus grand ennemi que le France ait jamais eu ». Il faut dire que l'homme n'avait jamais été bonapartiste, non plus que monarchiste et que républicain, il n'avait pas été socialiste. Cela lui faisait évidemment beaucoup d'ennemis. C'est cependant près d'un siècle après sa mort en mai 1968 que les jeunes insurgés de mai, s'identifiant sans doute à ceux de la Commune de Paris, vouèrent Thiers aux gémonies. Les lycéens du prestigieux lycée Thiers de Marseille voulurent en changer le nom. Mais, il faut dire que l'homme ne semblait pas goûter les insurrections. On lui reproche aussi le massacre de plus de six-cents canuts de Lyon en 1834 et bien évidemment la fusillade du mur des Fédérés au cimetière du Père Lachaise qui clôt une répression qui aura fait plus de vingt mille morts.

Depuis, à chaque épisode insurrectionnel que connaît notre pays, qui, contrairement à Thiers, en a la prédilection, il se trouve un groupe, une organisation, un parti, un syndicat pour vouloir qu'on débaptise une rue Thiers ici ou là. Le premier mai 2019, c'est à Dunkerque que la CGT a procédé à cet acte symbolique renommant la rue Thiers en rue de la Commune-de-Paris. En 2013, à Angers, l'association des amis de la Commune de Paris a symboliquement donné à la rue Thiers le nom de Gustave Lefrançois, né à Angers, puis élu de la Commune de Paris dans le quatrième arrondissement de Paris.

Pour autant, il y a suffisamment de rues nommées Adolphe Thiers en France pour nourrir la polémique pendant des siècles. Il est assez intéressant de constater que, malgré les pressions, peu d'entre-elles ont dans l'histoire changé de nom, sauf quand le parti communiste s'en est chargé, notamment après la seconde guerre mondiale, pour honorer les héros de la Résistance. C'est ainsi qu'à Reims en 1945, à l'occasion d'une visite de Maurice Thorez, alors Secrétaire général du Parti, on débaptise après des débats houleux au sein du conseil municipal la rue Thiers pour lui donner celui de Raymond Guyot, résistant marnais. Thiers retrouvera dix ans plus tard sa rue rémoise, nous apprend Michel Royer, professeur agrégé d'histoire chargé du service éducatif des Archives de Reims. Raymond Guyot, quant à lui, a bien sa rue : l'ancienne rue Saint-André, beaucoup moins prestigieuse que la rue Thiers. Quant à Saint-André, il n'en tombera pas pour autant dans l'oubli puisque l'église conserve son nom, tout aussi bien que l'institution scolaire religieuse à sa proximité.









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4e de couverture






Il est admis que les rues portent le nom de personnes que la collectivité veut honorer. Certains sont célèbres et présents dans presque toutes les communes de France. Il paraîtrait ainsi que ce soit Pasteur qui gagne en France le concours, avec 2020 rues à son nom. Et cela, on en conviendra, est assez mérité. Il est suivi par Victor Hugo. Soit.
Mais, certains noms sont contestés et, comme pendant la Révolution française, certains revendiquent que des rues puissent être débaptisées. Adolphe Thiers, par exemple, ne mériterait pour beaucoup ni rue, ni lycée... même à Marseille où il est né. Autoritaire, commanditaire de massacres, sexiste et polygame, on rêve mieux comme figure tutélaire de son lieu d'habitation. Mais, celui-là est encore un peu célèbre. Gustav Diégèse, quant à lui, est allé à la recherche des personnalités controversées qui ont donné leur nom à des rues, des places de boulevards. Ce sinistre cortège est aussi une promenade édifiante dans l'histoire de France, le chauvinisme et les pratiques solidaires notabiliaires. Si l'on suivait l'atlas de l'opprobre vicinal que Gustav Diégèse a réalisé, seraient offertes de très nombreuses possibilités d'honorer la mémoire de belles et bonnes personnes. Il y en a tant qu'on en a le tournis.
Voici un livre qui devrait donner des idées aux élues et aux élus de France... et  d'ailleurs.










14 octobre







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