Diégèse




dimanche 15 septembre 2019



2019
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Guerre de religion 258



Mathieu Diégèse














Pour conclure cet ouvrage fort imparfait et encore incomplet, puisqu'il se peut se compléter chaque jour ou presque de nouveaux exemples, le moment est venu de tenter de trouver le défaut initial de toute cette histoire. Il ne s'agira cependant pas ici de faire œuvre d'historien, car de l'histoire, d'autres avant nous ont tout dit, avec un tel talent qu'aller sur leurs traces serait superfétatoire et, à vrai dire, prétentieux et ridicule. Nos aînés des Annales et encore davantage celles et ceux de la Nouvelle histoire m'en voudraient d'ignorer ou de feindre d'ignorer que ce sont eux qui ont forgé et surtout permis qu'on utilisât le concept de représentation mentale pour tenter de comprendre les sociétés. Car, l'imaginaire, et donc la rêverie, son outil le plus efficace, peuvent nous être utiles dans nos propres rêveries qui nous conduisent aux sources qui structurent en secret notre travail scientifique.

Disons-le tout de bon, il y a quelque chose qui ne va pas dans nos sociétés humaines, et depuis fort longtemps, c'est de considérer que le travail doit être au cœur de ces sociétés, qu'on doit lui rendre un culte sans cesse renouvelé. Concept dérivé de travail, celui d'emploi fait des ravages et cet autre concept dérivé d'emploi, celui de chômage en fait encore davantage. Travail et emploi induisent une représentation de la société qui est incompatible avec la bonne réalisation de la vie humaine. Curieusement, on trouve trace de cela dans l'Évangile selon Saint Matthieu : « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain s'inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. » Dans le même passage de cet Évangile qui est celui des sermons fiévreux de Jésus, si admirablement rendus par Pasolini dans son film  d'adaptation, Jésus  exhorte les hommes à ne pas travailler . Certes, on n'a retenu de cela que l'affirmation que les richesses spirituelles valent mieux que les richesses temporelles et qu'il faut être pauvre pour aller au paradis. Certains se sont même appuyés sur ces sermons pour affirmer que la religion était un analgésique engageant le pauvre à demeurer pauvre et rendre à César ce qu'il avait fini par misérablement gagner. Mais, nous, nous prétendons que la chose est plus subtile. On trouve une autre trace contre le travail, cette fois, chez Luc et ce, dans la parabole de Marthe et Marie : Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme du nom de Marthe l'accueillit dans sa maison. Elle avait une sœur appelée Marie, qui s'assit aux pieds de Jésus et écoutait ce qu'il disait. Marthe était affairée aux nombreuses tâches du service. Elle survint et dit : « Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de venir m'aider. » Jésus lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses, mais une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, elle ne lui sera pas enlevée. » C'est avec cette dernière parabole que l'on justifie d'ordinaire tout à la fois les ordres religieux contemplatifs, ceux qui font comme Marie, et les ordres religieux qui vont dans le Siècle, comme Marthe. Ce sont des paraboles que l'on qualifierait aujourd'hui de contre-intuitives. Qui ne ressent pas de pitié pour la pauvre Marthe qui veut bien faire en s'agitant pour servir au mieux, par sens de l'hospitalité et du devoir, cette bande d'hommes conduite par un jeune seigneur adulé par les foules et qui se fait rabrouer quand elle se plaint ? Qui ne trouve en fait pas cela profondément injuste ? Quant à ne pas s'inquiéter du lendemain, n'est-ce pas un privilège de riche et ne faut-il pas travailler pour pouvoir se vêtir et se nourrir, même si le Christ prend l'exemple des oiseaux qui se nourrissent sans travailler et des lys habillés de splendeur ?

Alors ?

Alors, prenez le train suffisamment longtemps pour traverser de nombreuses campagnes, de celles qui gardent trace de l'agencement immémorial des parcelles de terre, des clochers sur les collines et des villages aux maisons serrées, apeurées presque. Mais vous pouvez tout autant prendre le train dans un autre pays, et ce seront les enclos et les mosquées et la démonstration sera la même. Ce paysage est, penserez-vous, un paysage qui n'est que labeur. Combien d'efforts pour ces murets, ces restanques, ces terres défrichées gagnées sur la pierraille ? Regardez mieux, ce que décrit ce paysage, ce n'est pas une société où l'on travaille, mais une société où chacune et chacun sait ce qu'il a à faire et le fait... Le mal des sociétés modernes ne vient pas du travail, ni de l'absence de travail, mais du fait que l'on ne sait plus ce que l'on a à faire, ce que l'on a à y faire, sinon survivre et consommer.









page 258










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4e de couverture






Il est convenu que les Françaises et les Français sont ingouvernables. Le sociologue et historien Mathieu Diégèse s'est penché sur cette question. Il est allé chercher dans les discours politiques, célèbres ou plus confidentiels, ces confidences soudaines de présidents de la République, ou, avant 1958, du Conseil qui avouent ne pas savoir que faire avec ce peuple qui refuse systématiquement de se réformer, c'est à dire d'accepter benoîtement les réformes qu'on lui a concoctées. Mais, une fois ce travail de récolement effectué, Mathieu Diégèse sort du champ politique pour aborder celui de l'entreprise ou de l'administration, qui, contrairement ) ce que l'on veut souvent croire, en France en tout cas, se ressemblent curieusement. Il examine avec sagacité comment se passent les réunions, comment sont arbitrés les conflits et comment sont prises les décisions... Il en tire des conclusions passionnantes, et notamment, que ce qui concourt à l'élaboration des opinions, c'est la religion, le dogme et la doctrine, et cela, bien sûr, aussi chez les athées. Il suffit pour s'en convaincre de pousser la porte du Parti communiste français ou de ses avatars contemporains. Lisez ce livre... Vous courez cependant le risque de voir la prochaine réunion à laquelle vous participerez comme le rite ésotérique d'un sacrifice à jamais dissimulé.










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