10. L’atelier peinture

Dans la salle de jeux du Château gris, après avoir raconté ses malheurs familiaux, Grisaille pleura bien longtemps, sans que µ parvienne à la consoler. µ se demandait ce qu'elle pouvait faire.  Elle lui dit: « Ecoute-moi ! Ne pleure plus!  Tu vas demander à aller dans la chambre de ta mère et tu vas rapporter les boîtes de peinture que tu trouveras.

Grisaille leva la tête et regarda µ comme si elle était aussi folle que la Princesse Obsidienne: "Comment y aurait-il de la peinture dans la chambre de ma mère!" lui répondit-il.

µ, qui malgré son jeune âge connaissait bien les hommes, enfin, les rois, répondit: "Je ne sais pas, mais pourtant, j'en suis sûre, j'en ai l'intuition, comme dit ma mère. Ton père devait être triste et espérer qu'elle reviendrait, alors, certainement, pour l'accueillir, a-t-il acheté des peintures, vas-y vite, moi, je t'attends ici.  D'ailleurs, comme je suis prisonnière, je ne peux pas aller avec toi.

Françoise CLoarec - tous droits réservés - francoise.cloarec@wanadoo.frGrisaille frappa à la porte de la salle de jeux.  On vint lui ouvrir et il sortit. 

Il revint la première fois avec une minuscule boite en nacre, avec un très petit pinceau, il n'avait pas bien compris, On ne pouvait pas faire de dessin avec aussi peu de couleurs, avec une boite de maquillage.  Grisaille repartit et enfin, il revint avec un gros coffret en bois, si gros qu'il pouvait à peine le traîner, un gros coffret avec des tas et des tas de tubes de peinture et des tas et des tas de pinceaux de toutes tailles.

Bravo ! dit µ, et toute contente, elle l'embrassa sur les deux joues.  Puis elle le regarda en riant et lui dit: « Tu vois Grisaille, tu commences  à apprendre les couleurs.  Maintenant tu rougis. »

Ensuite, ils ouvrirent la grande boite et elle lui montra tous les tubes.  Elle lui expliqua qu'il y avait des couleurs fondamentales : le jaune. le rouge et le bleu et que l'on obtenait toutes les autres couleurs avec ces trois là.  Elle lui dit que le blanc et le noir n'étaient pas des couleurs, que le noir était l'absence de couleur et le blanc, toutes les couleurs réunies.

Grisaille ne comprenait pas. Il ne savait pas grand-chose, mais ça on lui avait appris: du noir et du blanc, ça fait du gris.  Alors, comment avec de l'absence et de la présence de couleur, et seulement avec ça, pouvait-on peindre tout ce qui était gris dons le royaume Ténébreux ? Mais enfin, il écoutait sans rien oser dire.

Après les explications fatigantes de µ qui aimait bien jouer à la maîtresse d'école, ils commencèrent à dessiner.

Comme ils n’avaient pas de papier, ils décidèrent de transformer la salle de jeux toute grise en pays merveilleux.  Très vite, le sol fut tout vert, les cubes multicolores.  Sur un des cubes, µ avait dessiné un arc-en-ciel.  Alors ça, Grisaille ne voulait pas croire que ça existait. Ils continuèrent à dessiner, à dessiner, et petit a petit, il n'y eut plus un coin de gris dans la salle de jeux.  Enfin si. µ en utilisa un peu pour faire un coin de nuages et une jolie petite route, car elle voulait montrer à Grisaille que le gris aussi pouvait être agréable quand il n'y en avait pas trop.

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