24.  Épilogue

Ce fut dans la salle de jeux du Prince Grisaille que tout le monde arriva, car les histoires comme celles-ci ne sont pas logiques.  Les escaliers pour remonter étaient les mêmes que pour descendre et cependant ce n’étaient pas les mêmes. Ils ne montaient pas comme ils descendaient. Enfin c'est un peu compliqué à expliquer. Et puis personne n'avait le temps de s'arrêter à cette sorte de bizarrerie bien banale. Tous avaient ces choses urgentes à faire, des gens à voir et à revoir.

Le temps n'avait pas semblé bien long au Roi Nicolas, au Plus du tout, ou à la Reine Annick. Ils avaient d’abord regardé la télévision en couleur avec Barlama de Verlan qui voulait toujours changer de chaîne, puis ils avaient commandé les nouvelles couleurs du château du Plus du tout, des couleurs gaies mais chic chic.  La Reine Annick avait été intransigeante : pas question de faire n'importe quoi ! Barlama de Verlan avait filé doux.

On passera sur les embrassades et les gros câlins que tous se firent les uns aux autres. µ expliqua à sa mère qu'elle ne rentrait pas de colonie de vacances pour Princesses et qu'il était donc inutile de lui demander si elle avait bien mangé. Elle lui répéta : "ce n’était pas du gâteau Le Roi Nicolas, dans sa grande joie, téléphona tout de suite pour commander trois paires d'hélicoptères et tant pis si les hélicoptères ne se vendaient pas par paires. Gertrude Ténébreux fut ravie d'apprendre qu'elle était maintenant la Grande Plus du tout et elle décida son Plus du tout de mari à transformer le château en musée de peinture, avec des toiles toutes signées Plus du tout d'un genre assez moderne.

µ regarda Cloridrix : "Cela ne t'embête pas d'avoir dû renoncer à tes parents, à ta famille et à tes patins à roulettes ?"
Cloridrix : "Il aurait fallu être le dernier des nullards pour refuser une chose pareille : être le plus grand des magiciens, et il aurait fallu que je retourne chez mes parents à me prendre des claques dès que je dis un mot plus grossier que l'autre, dès que je vole le moindre minuscule vélo de supermarché ! Pas question.

µ ne quitterait pas Cloridrix.  On transformerait l'école des Princesses en école princière.  Pas question que Cloridrix aille à l'école des Princes : elle était tout à côté de chez la Princesse Obsidienne. Celle-ci aurait pu essayer quelque chose du genre: "Viens voir chez moi, je te donnerai un bonbon." Plus tard, certainement, une fois ses études de sorciers terminées, Cloridrix épouserait µ, mais pour cela il fallait attendre un peu, se marier à sept, huit ou dix ans, même quand on est Princesse ou magicien, c'est trop nul.

Le seul mariage que l'on célébra tout de suite, ce fut celui de Cendrillon et du commissaire Curieux.  Après toutes ces aventures, ils ne voyaient pas très bien comment ils auraient pu vivre l'un sans l’autre.  Parfois, ils se disputeraient un peu, et Cendrillon transformerait la patrouille d'hélicoptères de son mari en citrouilles pourries.  Mois ça n'irait jamais bien loin. À minuit, Curieux retrouverait ses engins volants et Cendrillon retournerait voir ses rats roses, rafraîchir leur teinture et les bichonner comme des nouveaux nés.

Et la vie merveilleuse des pays magiques s'écoulerait paisible comme dans les pays merveilleux.

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