C'est inéluctable, Marie part demain matin pour Alep. Il se
demande ce qu'elle pensera de lui lorsqu'elle le découvrira à
sa descente d'avion, à Damas, dans l'aéroport encombré.
C'est décidé, il ne fera aucun effort dans son habillement
ou dans son allure. Elle lui a déjà dit qu'elle le trouvait
sympathique, quand elle a parlé avec lui au téléphone
pour préparer le voyage. Lui l'embrasse ce soir, elle le regarde
attendrie, elle caresse ses yeux rougis par l'air pollué, toute
une journée sur le scooter. Il lui a apporté une fleur, une
rose de Damas, a dit la fleuriste du Faubourg-Saint-Honoré. La fleuriste
l'a regardé avec envie, cet homme beau, qui achète une rose,
qui la met sous son blouson de cuir, et qui l'emporte vers le mystère.
Demain, c'est promis, il l'accompagnera à l'aéroport mais il n'en aura plus de vrais souvenirs. C'est promis, demain samedi, il ne tentera pas de la séduire. |