La vie du lundi, c'est la vie du début, du commencement, de la naïveté. Il ne travaille pas vraiment. Quand il a besoin d'argent, il joue de la musique dans les bars. La seule chose, c'est qu'il a pris du ventre, à cause de l'alcool qu'il boit dans les bars. C'est de plus en plus difficile de faire taire les clients d'un bar avec un piano. Ils veulent chanter aujourd'hui, ils voudraient un karaoké live. Lui, il s'évertue à changer les mélodies, à les entrecouper de longues improvisations pour que les clients ne puissent jamais chanter. Ça pourrait marcher : mais dans d'autres lieux. Mais pour ça, il faudrait un agent, il faudrait plus de régularité, ne pas se laisser partir dans des songes de promenade, dans des randonnées nocturnes pour aller écouter un nouveau son, une mélodie qui n'existe pas encore. Il y a la musique techno. Ça l'intéresse beaucoup car c'est une musique savante, concentrée, inventive. Il va en écouter. Personne ne le remarque, ce n'est pas comme ses clients des bars faux chics de la Bastille, qui croient écouter et qui ne perçoivent pas le battement de leur coeur, pas même. L'ambiance techno, le pulse, l'emmène. Alors, un jour il en fera, c'est sûr. Mais pourquoi avoir une vie de musicien le jour de relâche, et la veille du mardi d'Hélène et des quatre enfants. Parfois, il n'en peut plus et Hélène lui dit qu'il sent le tabac. Alors que ce n'est absolument pas possible.
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