Diégèse


dimanche 31 décembre 2000




2000
ce travail est commencé depuis 366 jours (2 x 3 x 61 jours)
et son auteur est en vie depuis 14819 jours (7 x 29 x 73 jours)
ce qui représente 2,4698% de la vie de l'auteur
deux mille cent dix-sept semaines de vie
hier

L'atelier du texte
demain










à venir et déjà passé

C'est le dernier jour. C'était le dernier jour et je me suis tendu toute la journée pour ne pas ressentir la mélancolie et la brisure de l'année et de la vie. 
C'est la vie devant moi maintenant qui est là. Je vous abandonne tous, toutes ces images et tous ces mots qui dansent et qui se traînent aussi et qui vont mourir avec le siècle et avec le millénaire. Dans combien de temps liras-tu ces mots ? Tous ces mots qui s'alignent toute cette année qui vient de se passer. Tous ces mots qui sont pour toi et qui ne sont pas pour toi, car tu n'es pas là, tu es loin, tu n'existes pas, presque pas, dans ton absence obstinée.
Je suis à la montagne. L'année avait commencé à Paris. Elle se termine plus haut, plus douce et plus acide aussi.
Dans la nuit, entre les rires et la fête, j'écris ces mots qui ne sont plus pour personne maintenant. Dans la rue où les gens crient de peine comme si c'était de la joie, j'entends une plainte. Ce pourrait être toi.
















déjà passé et à venir





Hier, c'était demain 2000. Aujourd'hui, c'était hier 2000, qui dit la vanité du temps qui passe, qui ne tient jamais ses promesses, qui ne dit jamais rien d'autre que le mensonge du temps qui passe. Je n'ose plus penser à toi, je n'ose plus imaginer ton nom, les pas où tu vis, l'Égypte, la Syrie, Istanbul et les rues de Pera, qui montent sans cesse, et je te vois les monter aussi, portant des livres. Tu es et tu seras mon dernier paragraphe, le dernier mot de toutes ces phrases, toi. 
Je n'ai pas entendu ta voix ce soir, mais je ne l'entendrai plus jamais, tu sombres avec l'année, avec le siècle, avec le millénaire même. Je suis à la montagne, protégé de la fausse joie des gens, qui crient la bonne année dans les rues enneigées. Le froid les en aurait presque dissuadés. Je vais dormir maintenant, je  vais fermer ces textes, sans toi, sans toi qui ne les liras pas.
Demain 2000, et les lecteurs assidus ou occasionnels, ceux qui auront cru qu'ils pouvaient suivre. Je vous aime, plus que jamais, plus que tout, vous.