Je l'avais vu de la fenêtre
de l'hôtel. Quand je vais à Damas, je choisis un hôtel
un peu ancien et sans grâce, près de l'Ambassade, mais qui
me donne une vue sur le Qassioun, une impression de toits et de lumières
comme j'avais de mon appartement et de ma terrasse. J'avais d'abord entendu
les cris et les sifflements, ceux du Kashash qui dirige sa troupe de pigeons
dressés, qui les envoie en l'air, comme par son souffle, l'homme
Dieu dément qui dirige les oiseaux. Je l'ai vu ensuite, tout
agité par les manœuvres, avec
dans la voix même l'inquiétude toujours là que
le rêve de plumes ne s'envole définitivement, emporte et disparaisse,
avec les rêves. |
Je sais que j'ai pris cette
photo sur une terrasse d'Alep. Ce n'est pas Damas que l'on aperçoit
derrière la manche du Kashash,
car tu te souviens qu'en dialecte, c'est bien une manche que désigne
ce mot. Ce n'est pas Damas, ce n'est pas sa lumière. Ce n'est pas
la vibration jaune de
l'air que l'on a dans la capitale. Mais
cela ne fait rien. Ce sont les petits mensonges du temps. |