Diégèse



lundi 5 juin 2000

2000
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L'atelier du texte demain




à venir et déjà passé
déjà passé et à venir
Je me souviens bien que c'est dans le train pour Bordeaux que le texte du roman a été écrit pour la première fois. Le début, très certainement, sans aucun doute. Et c'est encore de la destination que vient le nom de famille d'un des principaux personnages. Trois heures durant, Mathieu et François sont nés dans le wagon de première. Je ne connaissais pas encore les petites lampes et l'impression presque cossue du T.G.V. Atlantique. 
Je suis allé à Bordeaux, je suis revenu de Bordeaux. J'ai dit maladroitement, dans l'aphasie du lundi, des mots de lundi qui ont été accueillis avec doute, avec circonspection. 
Je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire avec ce voyage, avec tous ces mots. Il faudrait un jour arrêter d'avoir des projets pour réaliser un texte.

J'ai encore pris froid dans le train. Je me suis endormi en essayant d'oublier l'impression désagréable qu'il fallait encore que je travaille davantage pour espérer laisser une trace, prendre le temps de le faire.
Je me suis endormi et c'est toi qui viens, toi. Je regarde tes yeux et je les reconnais. Je regarde ta bouche, prête au sarcasme plus qu'au baiser. Je regarde tes mains et je sais qu'elles ne savent pas caresser.
Après, tu pars lorsque je me réveille. Tous les passagers du train sont maintenant jeunes, je regarde leur peau et je remarque la texture tendue et ferme. Rien à voir avec ce qui me sert de visage. Je force l'allure pour rentrer chez moi, dans les éternuements de la pollution. Je ne sais même plus si j'ai un corps. Je ne sais même plus si tu en as un. Je ne suis que sommeil malencontreux.Tu n'en sauras rien.