|
Je
suis à Badami. Je ne sais pas très bien où c'est. Cette
histoire est dans ce lieu, inhabité et sans histoire, qui se dérobe
avant d'être pris. Ce sont les Franciscains de
Goa qui m'ont
conduit
dans leur voiture anglaise. J'ai dormi, assommé par la chaleur. Je me laisse traîner dans
les rues, parcours
sans grande envie les
gradins du fleuve. Je
suis fatigué. J'ai faim. À l'entrée
du temple, deux pierres inégales, comme rosies par du très
vieux sang. Ce sont les pierres aux cochons, qui leur en interdisent
l'accès.
J'hésite donc à entrer, déjà effrayé
des mythes de la métempsycose et j'ai le fou rire à cette
seule idée. Je trouve
un peu de calme dans les grottes qui abritent
les dieux. Un bouddha sexué me fait un peu de l'œil. Je
reste assis longtemps. Rien
ne dit rien qui aille, qui vaille, et l'angoisse qui monte et qui
descend
qui essouffle et qui n'essouffle plus, qui dort et qui revient, qui
revient
méchamment et qui dort. Je rejoins à la nuit l'hôtel
Badami Court. Les Franciscains sont partis, me laissant juste une
prière
en flamand. Je m'essaierai à la dire plus tard. |